La patrie Serbe

150 Er LA PATRIE SERBE

Tirana succomba le 28 novembre. Ce fut ensuite le tour de Durazzo, assise au bord des ilots au milieu de l'argent des pâles oliviers. Les bosquets d'orangers la parlumaient, l'essaim des barques aux longues ailes l'égayaient.

Tandis que manœuvrait ce détachement une autre Colonne partit de Monastir, Une semaine suffit à cette colonne pour lui donner Ochrida. Après avoir contourné le lac profond, elle s’enfonça au cœur de la nature la plus sauvage quil soit, habitée par des autochtones plus sauvages encore, Une région faite de pies, de gorges, de torrents. Le chemin constamment elfondré monfait, descendait, s’ouvrait sur des précipices pleins de l'écumegrondante des eaux furieuses.Des pentes droites, des parois verticales, quelques carcasses d'arbres tordus. un ciel plombé appuyé sur les crêtes, des loques de gaze pendues à un ciel malpropre et absorbant les sommets, Le froid était intense, la tristesse imexprimable. Crevant la brume, les rochers fantastiques se devinaient dans une pénombre nébuleuse. La pluie, la neige tombaient. Derrière les rochers, au-dessus des ravins, les pâtres se postaient pour fusiller les soldats. Les Serbes marchaïent quand même; pour la Patrie ils expiraient nombreux dans les embuscades, Ils atteignirent enfin une contrée moins glacée. Elbassan, ceinturée d'oliviers, leur ouvrit ses portes. C'était une étrange cité aux toitures surplombhantes autant que des auvents; aux ruelles garnies de vignes ; peuplée d'enfants vêtus d'oripeaux d’une éclatante saleté.

‘Les Serbes avaient gagné la richesse de leur Patrie. Ils avaient donné leur vie, leur sang, leurs souffrances, Combien avaient péri au milieu des montagnes, tués par la faim, le froid, les balles albanaises, Soutenus par l'idée de la Grande Serbie ils avaient surmonté les