La patrie Serbe

LA PATRIE SERBE Gil

Apres de courtes périodes de calme, le ftapage recommençait et secouait l'atmosphère. Les explosions rosissaient la neige qui bondissait en fusées ef retombaït en cascades. La canonnade semblait un amusement, le complément des parties -de boules de neige, des glissades. des danses. Quelquefois les obus atfeignaient un homme. Il y avait un gémissement, les brancardiers accouraient. Courbés sous le poids, ils enfonçaient dans le tapis qui cédaït un peu, ils irôlaient des bonshommes de neige, des animaux bizarrement sculptés. A l'endroit où l’obus avait déchiré un être humain il ne restait qu'un chaos ef des (races rouges, étalées comme une jonché de coquelicots.

Un jour monotone succédait à un autre jour pareillement monotone. Les soldats serbes restaient dans \la tranchée lentement emplie par un liquide saumâtre qui dépassait les jarrets, montait, prenait le buste. Ceux qui élaient touchés par les éclats de mitraille glissaient dans l'eau. Ils suppliaient qu’on les emporte : cela était quelqueïoïis impossible ; alors, d’une prière ardente, ils imploraient la fin. Ces plaintes duraient des jours entiers, elles s’affaiblissaient, cessaient. Le pauvre cadavre.que Von n'avait: pu disputer au trépas, servait d'escalier ou de banc au vivant, heureux de trouver ce COTpS pour émerger de quelques centimètres hors du bain où il macérait. Lorsque le Soleil caressait Andrinople, la Ville semblait inondée dé roses ; dans la nuit, lefeu d’artilice de l'artillerie allumait une awréole boréale. Dos invendies éclataient. Le rayon d’un projecteur arrachait à l'ombre un morceau de cité fantastique, une lourde bâtisse aplatie sur la tête d'une colline. la lance d'un Ininaref.

Le dégel, pire que le froid, arriva. De nouveau le Paysage fut gris. Voilée par une buée, Andrinople fut

II