La patrie Serbe

LA PATRIE SERBE 00 10

Le torrent impossibleà contenirs’écroula lourdément sur la Serbie. Epouvantés les paysans, les villageois, entassaient sur des chars les objets indispensables. Sur ces piles hétéroclites on calait les vieux et les petits, les malades, les blessés.

Les Masyars et les Bulgares avaient ae donné la mesure de ce dont ils étaient capables ; les paisibles populations, terrifiées par les rumeurs en circulation, affolées par les passages des taubes Semeurs de panique ef de mort, se cramponnaient à l'armée comme à une suprême protection. L’océan ennemi, en versant son déluge, faisait gonfler les fleuves de fugitifs. Dans les villes, bondées de réfugiés, les vivres manquaient. Sous la pluie incessante, les malheureux habillés de boue s’affalaient sur les pavés et dans les-ruisseaux. Des groupes de plus en plus nombreux, de plus en plus compacts s'ajoutaient perpétuellement aux colonnes en retraite. Les enfants pleuraient, les femmes se lamenfaient, la foule d'êtres hagards entravait les divisions qui se repliaient lentement, luttant toujours pour retarder l’ennemi. Cette multitude transie, alfamée, soulfrait, tombait, commençait à mourirau milieu des chevaux, des bœufs, de l'artillerie, dans le gâchis des routes défoncées par les interminables convois. Le monstre germanique fermait ses mâchoires d'acier sur la Serbie. La guerre, cette infâme tueuse, plana sur le pays entier. À l'abri de la gorge la plus profonde, au sommet dela montagne la plus escarpée, dans les creux des vallons, au cœur des forêts toullues, on percevait le battement de ses ailes, le frôlement de ses écharpes de crépe. Que l’on füt riche ou pauvre, jeune ou vieux, chacun lui appartenait. Si les génies de lumière habitant le soleil, avaient écouté la voix de notre globe, ils auraient entendu une plainte interminable s'élever de