La patrie Serbe

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LA PATRIE SERBE Aa

se lèvent éclaboussées d'étincelles, En masses profondes se précipitent les Turcs. Toujours il en arrive, ils sont innombrables autant que « les feuilles des forêts ». Le sol vacille sous le galop des chevaux pressés en une mer compacte, l’airain froisse l'airain, les épées cherchent à fendre les armures. Jusqu'au paradis montent les hurlements des blessés. Les montagnes lointaines, diluées dans la brume, frémissent. C’est la mêlée terrible. Comme des baies d'automne secouées par l'orage les guerriers tombent. La terre devient rouge. Le firmament est une voûte embrasée, Une lumière trop vive, versée sur les cavaliers cuirassés de clarté, éblouit. Les cimeterres arqués, les haches, les glaïves tracent des gerbes d'éclairs. Les crinières des chevaux volent au vent de la course telle une écume,

Poïtraïl contre poitrail, les destriers se mordent; bras allongés, les cavaliers se transpercent ; le sangs’échappe des sources vives des corps pour alimenter les rivières écarlates que boit le sol. Les masses d'armes, les fléaux saisis à deux mains s’abattent sur les casques qui s’ouvrent ef d’où jaillit une bouillie d'os; de chair, de cheveux, de cervelle. Tout le jour;ron lutte sous l'incendie céleste, dans la brûlure de la nappe de feu. Les craquements des cuirasses qui se rompernt, les imprécations, l’appel des cors, les injures, les hennissements se confondent. Les images du croissant et de la croix se roulent, se déroulent dans le tourbillon, Sur tout cela coule une chaleur) qui augmente avec la lumière grandissante de la douzième heure. Sous les heaumes, la transpiration ruisselle des fronts. Le sang fait des raies sur les armures. Les boucliers reflétent le soleil et leursonorité s'émeut au choc des lances, La bave des chevaux se coagule autour des mors, mousse contre les harnais, suitle sillon des jarrets nerveux,