La patrie Serbe
LA PATRIE SERBE 51
servaient de ponts. Les Allemands se cramponnaient aux collines. On ne voyait que miroitements, éclairs des sabres, étincelles jaillies des arquebuses, gerbes de feu vomies par les mortiers. Au premier assaut Belgrade capitula, les incendies courbaïent sur elle des ogives de fumée et déroulaient des banderolles de flammes. Sur les pentes la tuerie se poursuivait. Enfin Tartares, timariotes, janissaires, cédèrent et la débandade commença. Les Autrichiens tournaient contre l'ennemi ses propres canons ; l'ennemi s’enfuyait dans un affreux tumulte. Le frère ne reconnaissait pas son frèreet le tuait malgré ses cris. L’effroi augmenta encore. Les musulmans jetèrent leurs armes trop lourdes pour leur course. Treize cents cadavres turcs faisaient du fossé un charnier ef formaient autour de la ville une clôture macabre. Les corps s’enchevètraient aussi dans les broussaïlles des côteaux. Beaucoup d’Autrichiens gisaient aussi. ’
Comme unereine, la lune accompagnée de sa cour de planètes regarda ces choses horribles ;’elle passa sous la tente du grand vizir ety aperçut}le prince Eugène blessé, prosterné dans une reconnaissante oraison. Jusqu'à elle s'élevaient de derniers râles qui s’aflaiblissaient autant que les yagissements d’un enfant qui expire. Des chiens tenaient Compagnie aux moribonds et léchaient Je sang: Il y avait des chevaux qui sautaient surleurs membres mutilés ou qui traînaient des paquets d'entrailles. La lune se mira dans le Danube, les eaux lisses charriaient des corps informes gonflés autant que des outres.
Trente mille Turcs, à peine, rejoignirent le grand vizir à Nich. La paix fut signée à Passorovitz en 1718. I: Europe voulait opposer la Turquie à l’Autriche, elle donna à la première la Morée, mais accordait aux Germains Belgrade, Temesyar, une partie dela Valachie et de la