La patrie Serbe

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dans ses bases les plus intimes. Notre 14 Juillet n’existerait pas s’iln'était accompagné de l'effroyable vacarme qui, chaque année, coûte la vie à quelques imprudents ayant oublié de s'éloigner assez vite des vieux mortiers débordants de poudre. Les sauvages, eux aussi, autant que les Européens civilisés,aïment un tapage capable de les terroriser : ils ont aussi la passion d’orner leurs tètes de plumes autant que nos mondaines, ef à défaut de pierreries,se couvrent de coquillages et de morceaux de Verre.

Mais nous voiei voyageant à des lieues de la « Seoska Slava »: revenons à notre point de départ. Le matin de ce beau jour esb sanctifié par une messe très solennelle, suivie d'une procession. Cette lente procession déroule sa chaîne dans la gaieté des champs attiédis par le soleil. Les « Seoska Slaya » choisissent en général le patronage d'un saint printanier, honoré entre le milieu d'avril et la fin de juin. Joliment la théorie s'allonge, précédée par le flottement des bannières où sont peintes les images des saints. Derrière les étendards se groupent les popes ployant sous le poids des satins et des brocarts de leurs chapes. Ensuite c'est le cortège des paysans. des paysannes aussi brillantes que des oiseaux exotiques avec leurs vives broderies. Le prêtre ofliciant appelle la divine bénédiction sur les cultures et de temps à autre s'arrête devant un vieil arbre marqué d'une croix. Cette croix faite de deux entailles, coupées au sein de l'écorce, s'incruste toujours plus profondément et met sur l'arbre un sceau sacré. Le prêtre avec un couteau élargit encore la blessure avant de l'arroser de vin. Doucement la procession continue son trajet ; elle contourne les lisières des bois aux nouvelles frondaisons, s'égrène parmi l'ondulation des blés. Chaque personne prend des fleurs, des tiges de blé, d'orge, pour garnir