La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

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dit Bossuet, mais encore de la discipline ecclésiastique, à l'Eglise la décision » (1).

C'était du moins la thèse constamment soutenue par tous les papes, depuis Innocent Ler jusqu’à Pie VI. Or il est un fait certain : en remaniant les évêchés et les paroisses, et surtout en modifiant de fond en comble le mode de nomination des évêques et des curés, de façon à les rendre presque indépendants du SaintSiège, l'Assemblée constituante touchait aux prérogatives les plus chères du chef de l'Eglise.

Au fond, c'était un schisme que les gallicans allaient provoquer, et ils ne l'avaient même pas prévu. L’attitude de l'Eglise devait bientôt dissiper les illusions de l’Assemblée, puisqu'une grande partie du clergé refusa de reconnaître la nouvelle organisation ecclésiastique. On crut légitime alors de supprimer le traitement des prétres insoumis, et de recourir à la force armée pour maintenir l’ordre dans les diocèses troublés. Telles furent les dispositions du décret du 27 novembre 1790, qui obligea en même temps tous les ecclésiastiques « fonctionnaires publics », à prêter le serment suivant: « Je jure de maintenir de tout mon pouvoir la Constitution française et notamment les articles relatifs à la constitution civile du clergé » (2).

() Bossuet : Politique tirée de l’'Ecriture sainte.

(2) C'était aggraver les termes du serment déjà exigé

par la Constitution civile < d’être fidèle à la nation, à la loi, au roi et de maintenir la Constitution française ».