La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

DEUX BELLES RÉFORMES 69

1787, enregistré par le Parlement le 29 janvier 1788, leur accorda le droit de faire constater d’une façon purement civile leurs mariages, la naissance et la mort de leurs enfants ou de leurs proches, en leur permettant de s'adresser à leur choix, soit aux curés, et vicaires, soit aux officiers de justice (1).

Tout ceci montre bien que les institutions de l’ancien régime s’adoucissaient sous l'influence des idées nouvelles. La Révolution ne s’est donc pas faite comme par un coup de baguette : peu à peu, tout le monde, même les privilégiés, finissaient par admettre la nécessité de profondes réformes (2). -

En ce qui concerne les catholiques, l'Eglise leur faisait payer toutes sortes de dispenses pour les mariages ; elle opposait des refus aux personnes de certaines professions, et troublait ainsi un grand nombre de familles, qui vivaient en concubinage par la seule faute du clergé. Au milieu même de l’année 1790, le célèbre Talma, de la Comédie française, se vit refuser, par le curé de Saint-Sulpice, la publication de ses bans de mariage, sous prétexte que les règles cano-

(1) Voir : Législation des Cultes protestants, par A. Lods.

(2) C’est ce que M. Edme Champion expose très clairement dans un ouvrage aussi intéressant que bien documenté : « La France d’après les cahiers de 1784. »

On peut dire que, sans l'hypocrisie d’une cour perverse et l'inertie d’un roi incapable, la Révolution s’accomplissait tout naturellement et sans grands soubresauts.