La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

DEUX BELLES RÉFORMES 71

à redouter. Mais la politique, hélas, a ses raisons bizarres : beaucoup de constituants ne voulaient pas avoir l'air de céder aux injonctions des ÉvÈques non-conformistes, et craignaient de diminuer l'autorité morale des prêtres constitutionnels en leur enlevant immédiatement une partie de leurs fonctions officielles. Aussi, malgré l’obstination et la clairvoyance de Lanjuinais (1), on alla d’ajournement en ajournement,, si bien que l'Assemblée arriva à la fin de sa carrière sans avoir voté la réforme. Elle en inscrivit du moins le principe dans un article qu’elle ajouta le 27 août à la constitution et laissa ainsi à ses successeurs une grande tâche à accomplir (2).

(1) Il faut lire dans les Œuvres de Lanjuinais (Tome Il, p. 5) son remarquable rapport de juin 1791, fait au nom du Comité ecclésiastique de la Constituante, sur la question de VPétat civil. D’une façon magistrale, il établit la distinction entre le mariage, simple contrat résultant de laccord des deux époux, et le sacrement qui le sanctifie chez les catholiques. Tous les arguments de Lanjuinais ont d’autant plus de poids qu'ils émanent d’un catholique honnête et convaincu, mais d'esprit très libéral.

On rechercherait en vain ce rapport, soit dans le Logographe de Hodey, soit dans le Moniteur et le Journal des Débats. ec :

(2) Titre IL de la Constitution de 1791, art. 7:

« La loi ne considère le mariage que comme contrat civil. Le pouvoir législatif établira, pour tous les habitants, sans distinction, le mode par lequel les naïssances, mariages ef décès seront constatés, et il désignera les officiers publics qui en recevront et conserveront les actes ».