La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

DEUX BELLES RÉFORMES 13

des citoyens vraiment libres, en nous émancipant de cette tutelle de l'Eglise qui s’imposait dès la naissance et durait jusqu'à la mort (1) Ce même jour, 20 septembre 1792, la Législative porte encore un grand coup aux préjugés religieux en votant la loi du divorce. Les philosophes du 18e siècle avaient montré la nécessité de cette réforme et l'opinion publique y était ainsi préparée. On pensait généralement que l'obligation du mariage perpétuel était, dans beaucoup de cas, une chose inhumaine, qui, loin de fortifier la famille, pouvait au contraire la corrompre : il fallait donc supprimer cet abus qu'une simple fiction théologique avait établi. Dans la question d'éducation des enfants, il ne peut y avoir une objection décisive à la possibilité du divorce: une famille complètement désunie, où les querelles sont fréquentes entre époux et où-le mauvais exemple est donné par l’un d'eux, n'est-ce pas pour les enfants la plus grande école de vice et d'hypocrisie ? La Révolution française se montra donc fidèle aux principes de la plus saine philosophie lorsqu’elle admit le divorce dans notre législation civile. Elle comprit qu'il est profondément injuste et inhumaïn de forcer à vivre ensemble deux êtres, qui ont pu de bonne foi se tromper sur leurs qualités, ou leur caractère respectif,

(4) Avec M. Champion, nous nous étonnons aussi que Quinet n'ait pas compris la valeur de cette réforme,