La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

LA CONVENTION NATIONALE, LA RÉPUBLIQUE 81

budget cultuel ne pouvait effacer les préoccupations d'ordre différent qui hantaient alors les esprits. Peut-être aussi Brissot aurait-il craint, en insistant trop, de rendre suspect à une partie de la Montagne l’audacieux projet du Comité des Finances : cette hypothèse est très plausible lorsqu'on envisage l’état d'esprit qui régnait alors au club des Jacobins.

Quant à l'article de Condorcet cité par M. Jaurès (Histoire socialiste, t. III, p. 242), il ne prouve pas du tout que le philosophe fut hostile à la motion Cambon :

« L'armée que l’Assemblée Constituante a levée contre l’ancien clergé (c’est le nouveau clergé constitutionnel, fait observer M. Jaurès, que Condorcet désigne par ces mots pittoresques) est un peu chèrement payée ; mais il serait injuste de la licencier, sans accorder une retraite aux généraux et soldats, elc:.. » Chronique de Paris du 2 décembre 1792).

Cela signifie simplement que Condorcet réclame, comme mesure de transition, une pension ou allocation pour les anciens desservants constitutionnels, dans le cas où la suppression des frais du culte serait décidée. C’est, remarquons-le, la solution actuelle ; c'est aussi celle qui fut adoptée, en septembre 1794; sur la proposition même de Cambon, lorsque, pour la première fois on établit un régime de séparation de l'Eglise et de l'Etat.