La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

52 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

quelque probabilité, que les arrestations maintenues approchèrent du chiffre de 3000. — C'était loin des 30000. Mais, à la première heure, les arrestations opérées paraissent avoir été beaucoup plus nombreuses. Seulement la place manqua, les prisons se trouvèrent trop étroites. Par nécessité beaucoup d'hommes furent relächés; d’autres s’esquivèrent aisément, sans bourse délier; d’autres, et qui sait combien, en payant. Nous savons par d'autres traits (nous en donnerons) que les agents qu'employait forcément la Commune n'étaient pas tous incorruptibles.

Il y eut ici, en tout cas, un acte de corruption qui fit du bruit; ce fut celui dont profita le prince de Poix.

Concluons : En cette affaire l’Assemblée fut parfaitement jouée par Danton. Elle a dù plus tard le reconnaître et s’en souvenir.

Disons brièvement comment les choses se passèrent : le 29 août, à six heures du soir, tout habitant de Paris dut être rentré chez lui, sous peine d'être arrêté, si on le rencontrait dans la rue ou au logis d’un autre. À partir de six heures les rues ne devaient être animées que du mouvement des patrouilles, composées de fédérés marseillais armés de fusils et de sans-culottes armés de piques (très peu de gardes nationaux réguliers, ce semble). En réalité cette journée ne commença qu’à dix heures du soir. — De six heures à dix heures, les Parisiens vécurent dans une attente, fiévreuse pour tous, angoissante pour un grand nombre. — Beaucoup, pendant ces heures, firent anxieusement leur examen de conscience : celui-ci se rappelait avoir signé la pétition des 8 000, ou celle des 20 000 ; celui-là avoir été de telle société, qu’on taxait maintenant de modérantisme; tel autre se rappelait avoir prononcé des paroles imprudentes contre la Commune,