La question de l'Adriatique

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égard, l’Adriatique est actuellement le cœur de la Méditerranée, et sur ses rives se joue le destin de plus d’une nation.

C’est qu'en effet, par sa position et sa configuration géographiques, elle était marquée pour devenir, surtout dans sa partie septentrionale, le théâtre de multiples conflits. Ces conflits restaient impossibles, tant que l'influence, la langue et la civilisation italiennes (1) étaient seules à régner, de Bari à Ancône, d'Ancône à Venise, de Venise à Trieste, de Trieste à Fiume, de Fiume à Raguse et de Raguse à Corfou. Mais, à mesure que se développaient les puissances de l'Europe centrale, elles devaient inévitablement chercher à se frayer un chemin vers la Méditerranée. Or, ce chemin, c'était celui de l’Adriatique ; c'était par l’Adriatique, par Trieste, que la descente germanique vers la mer devait normalement s’opérer; et ce simple effort a dressé en face de l'influence italienne la formidable pression de tous les courants économiques qui roulent du uord vers le sud et qui veulent, à toute force, conquérir une part des marchés de l'Europe méridionale.

(1) L'influence italienne remontait aux temps dela splendeur el de la toute-puissance de Venise. Mais, même après le déclin

et la chute de la République Sérénissime, cette influence est restée enracinée longtemps sur toutes les rives de l'Adriatique.