La question de l'Adriatique

Poe

Pendant ce temps, une autre influence cheminait de lorient à l'occident. Elle descendait des Balkans, longeait la rive droite du Danube, s'épanouissait dans les plaines du Vardar, couvrait silencieusement la Bosnie, l'Herzégovine, la Dalmatie, la Croatie, l’Istrie. C'était la branche méridionale de la grande migration slave, qui, ayant rencontré la barrière de l’Adriatique, remontait vers le nord et s’installait, toute-puissante, sur les côtes orientales de cette mer.

Tant que ces éléments divers n'étaient point entrés en contact, ou ne s’entre-choquaient qu'avec des forces inégales, l’ordre n'était point troublé. Mais, aujourd'hui, ils sont, les uns et les autres, si forts, si passionnés, si sûrs de la victoire que leur lutte en revêt un aspect particulièrement tragique.

Brusquement allumée au moment où l’ancienne influence italienne, assiégée de toutes parts, semblait se briser, se disloquer sous le double effort du germanisme et du slavisme, la guerre européenne a donné à l'Italie une occasion de tenter de sauvegarder par des annexions territoriales les derniers vestiges de sa race et de sa langue. Mais cette solution se heurte à des difficultés d'un ordre semblable, puisque les revendications slaves ont pris, elles aussi, une