La question de l'Adriatique
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l’une à l’autre la malheureuse Albanie, la poussée slave continuait à submerger graduellement, impitoyablement, les deux adversaires, sur toute la côte orientale de l’Adriatique. La force qui s'avançait ainsi n'avait pas de point d'appui politique, elle ne servait pas d'instrument aux desseins secrets d'un gouvernement, elle n'avait ni direction, ni but précis. C'était une migration aveugle, une sorte de marée humaine qui n'obéissait à aucune volonté individuelle ou collective. Elle était un fait, et rien de plus. Sans doute une heure devait venir où cette force immense allait servir de base à des revendications politiques. Mais, hier encore, la solidarité elave restait confinée dans le domaine moral ou, si l'on veut, sentimental. L'irrédentisme serbe, par exemple, n'avait une vie réelle que sur quelques points; dans l'ensemble les aspirations slaves demeuraient inconsistantes, mal définies, et se bornaient à un vague effort de rapprochement et d'union. Cet effort lui-même, les Slaves n’en sentaient la nécessité que parce qu'ils étaient en butte à une persécution acharnée. Ils se heurtaient à la mauvaise volonté des éléments germaniques et à l'hostilité des éléments italiens. Ils s’unissaient contre leurs ennemis, comme ceux-ci s’unissaient contre eux, et si lesuns dis-