La question de l'Adriatique
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faisaient remarquer que la distance qui sépare Trieste de la Bavière ne dépasse pas 200 kilomètres à vol d'oiseau, et que les territoires qui occupent ceb intervalle sont, en grande partie, des territoires de langue, de civilisation et d’aspirations allemandes (1). Les pangermanistes de la Haute et de la Basse-Autriche étaient presque tous acquis à ce rêve d'une orande Allemagne qui devait placer sous le sceptre des Hohenzollern l'ensemble des provinces allemandes qui vivent aujourd'hui sous le sceptre des Habsbourg. N'avait-on pas entendu, à Vienne même, dans des manifestations pangermanistes, les cris significatifs de « Vivent les Hohenzollern! À bas les Habsbourg! » Cette situation n’était pas sans danger pour l'avenir de l'unité austro-hongroise, et elle suffisait à expliquer les tendances de plus en plus marquées de l'archidue François-Ferdinand à s'appuyer sur l'élément slave pour contre-balancer l’agitation pangermaniste (2).
(4) Notamment le Tyrol, où la population de langue allemande s'élève à 525.115 habitants, et la Carinthie, avec 304.287 Allemands sur une population totale de 396.200. Plus au sud, l'élément germanique se raréfie : 27.915 Allemands en Carniole, 11.856 à Trieste, 4.486 à Goritz et Gradisca, 12.735 en Istrie (presque tous massés à Pola), et 3.081 en Dalmatie.
(2) Les idées de l’archiduc François-Ferdinand sur le trialisme et sur le rôle que, dans sa pensée, devaient jouer un jour les