La question de l'Adriatique

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l'empire ne peut être maintenue que par une politique brutale qui asservit tout cel ensemble hétérogène à deux minorités dominantes et implacables : la minorité germanique en Autriche et la minorité magyare en Hongrie. Par les difficultés incessantes que cette situation soulevait, même en temps normal, dans la monarchie dualiste, il était facile de penser qu'une guerre européenne, et surtout une guerre née: d'une querelle de races, une guerre qui, plus qu'une autre, posait dans toute son ampleur le principe des nationalités, allait déchaîner toutes ces revendications frémissantes.

C’est pourquoi, avant même que l'Autriche soit morte, on commence à s’en disputer les lambeaux. La Bohême, la Russie, la Roumanie, l'Italie, la Serbie, et l'Allemagne elle-même, sollicitent avec une ardeur égale une part de l'héritage autrichien, considéré dès maintenant comme res nullius. Mais si personne ne songe à contester à la Roumanie le droit de s’annexer, au jour de la liquidation, la Transylvanie, à l'Italie le droit de se saisir du Trentn, à la Serbie le droit de rentrer en possession de la Bosnie et de l'Herzégovine, la côte de l'Adriatrique est, au contraire, l’objet des contestations les plus vives. L'Italie et la Serbie la revendi-