La question de l'Adriatique
nor
serbes et la volonté nettement exprimée des populations dalmates et croates. La discussion qui s'alluma entre les journaux italiens et les journaux serbes, puis, presque en même temps, entre les journaux de Rome et ceux de Pétrograd, prit parfois un ton assez vif. Mais, des deux côtés, les arguments restaient les mêmes. D'une part, l'opinion italienne ne renonçait pas au rêve d’une grande Italie, maîtresse des deux rives de l'Adriatique; d'autre part, la presse serbe et la presse russe invoquaient obstinément le principe des nationalités, rappelaient à l'Italie qu'elle devait son existence à l’application de ce principe et que, pour rester fidèle à elle-même, elle ne pouvait contester ni aux Slovènes, ni aux Croates, ni aux Dalmates le droit de s'amalgamer à la nation qu'ils considéraient comme leur mère-patrie.
Derrière ces polémiques, et sur un ton moins acerbe, les conversations diplomatiques se poursuivaient entre l'Italie et la Triple-Entente, c'està-dire, en fait, entre l'Italie et la Russie. Toutefois, là aussi, les divergences de vues restaient grandes. Au début d'avril 1915, le gouvernement russe, dans une note officieuse publiée par l'Agence Télégraphique de Pétrograd et communiquée à la presse italienne, crut devoir préciser