La question de l'Adriatique
be des moments comme les présents, il faut être clairs.
Or cette clarté, que réclamait avec tant de force le journal de M. Sonnino, la diplomatie romaine ne faisait rien pour la provoquer. Que demandait-elle au juste? Elle parlait de la nécessité de la prépondérance italienne dans l’Adriatique, mais sans préciser ni ce qu'elle entendait par ce mot ni les garanties qu'elle exigeait. Maîtresse de Vallona depuisle 25 octobre1914(1), certaine de recevoir un jour Trieste et Pola, l'Italie n’était-elle pas assurée d’une prépondérance décisive, puisqu'elle détiendrait à la fois le grand port militaire de l'Istrie et les deux rives du canal d'Otrante? C'était ce que le ministre russe des affaires étrangères, M. Sazonof, avait fait observer, au début de janvier 1915, au correspondant du Corriere della Sera à Pétrograd. Demander davantage, c'était demander l'hégémonie totale, c'était étouffer les intérêts et les droits des autres peuples, c'était semer pour l’avenir le germe des plus profondes discordes. Mais, fidèle à une habitude diplomatique qui lui a souvent valu des succès, l'Italie feignait de compter pour rien ce qu'elle avait obtenu ou ce qu'elle était sûre d'obtenir et attribuait au
(1) Sur l'installation italienne à Vallona, voir plus loin, pp. 83 et suiv.