La question de l'Adriatique

aggraver sa servitude en l’exposant, impuissante et innocente, au mépris de l'Europe libérale (1).

Mais si, du côté des Yougo-Slaves d'AutricheHongrie, la volonté est bien nette et bien unanime, la volonté des Serbes de Serbie est-elle aussi vigoureuse et aussi claire? On a vu plus haut que les pourparlers diplomatiques se sont poursuivis surtout entre Rome et Pétrograd, et que la Serbie ne paraît y avoir été associée ni directement, ni indirectement. Mais l'opinion publique serbe, et le gouvernement lui-même,

(4) Le Temps du 22 février 1915. — Plus récemment les YousoSlaves ont encore saisi de nouvelles occasions d'affirmer leur entière solidarité avec la Serbie et leurs aspiralions d'unité nationale. Le 21 avril dernier, dans une conférence faite à Paris, M. Hinkovilch, l’un des avocats du procès d’Agram, exposait les revendications des Serbo-Croates, tous unis dans le rêve d'une grande Serbie allant « de la Drave à l'Albanie et de la frontière bulgare à l'Adrialique ». (Cf. le Malin du 28 avril}. Vers la même époque, M. Antoine Trombitch, dépulé à la Diète dalmate et ancien maire de Spalato, président du Comité des Yougo-Slaves d'Autriche-Hongrie, disait à M. Delcassé, en lui présentant ses collaborateurs : « Comme les Croates, les Serbes et les Slovènes forment la même nation jougo-slave, nous youlons la libération de tous nos co-nationaux acluellement sous le joug austro-hongrois et leur union avec nos frères serbes de la Serbie et du Monténégro dans un Etat unique. Afin que la nation jougo-slave puisse dorénavant accomplir sa noble lâche nalionale et civilisatrice, il est indispensable que tous ses membres soient réunis dans un Elat compact et uni. Nous espérons que les hautes puissances de Ja Triple-Entente, qui ont pris les armes pour la défense du droit et de la justice, voudront bien couronner leur grande œuvre par la délivrance définitive des parties de notre peuple encore asservies. » (Of. le Journal des Débats du 6 mai 1915).