La question de l'Adriatique
Dans les semaines qui suivirent, elle organisa méthodiquement sa nouvelle conquête et fortifia son emprise. Elle n'avait occupé militairement que Sasseno (1), laissant à ses agents el à ses médecins Je soin de préparer l'occupation ultérieure de Vallona. Ce fut le 25 décembre suivant, exactement deux mois après l'installation du contingent de Sasseno, qu'eut lieu le débarquement des marins italiens dans la ville ellemême. La mise en scène fut parfaite. On eut d’abord les troubles inoffensifs organisés comme d'habitude en pareil cas (2), l'émoi de la colonie italienne que personne pourtant ne songeail à molester, l'appel du consul italien à l'amiral Patris pour amener le débarquement, le débarquement lui-même, qui se produisit naturellement au milieu de la tranquillité générale, enfin les visites solennelles des notables de la
(1) Les troupes installées à Sasseno, le 30 octobre, étaient composées d'une compagnie de débarquement et d’une batterie d'artilJerie. (2) L'opinion italienne elle-même accueillit avec scepticisme l'annonce de ces troubles si opportuns. Une dépêche adressée de Rome au Temps (datée du 28 décembre et publiée par le Temps du 30) constatait que la nouvelle du départ d'un régiment de ber_saglieri pour Vallona avait quelque peu surpris l'opinion publique, car, ajoutait la dépêche, « les nouvelles parvenues d’Albanie assurent que Vallona est absolument calme... La situation à Vallona, telle qu’elle ressort des nombreuses dépêches officielles el privées, ne semble guère plus périlleuse pour les intérêts italiens qu'il y a quelques moïs.