La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

INTRODUCTION 1 De la doctrine des pouvoirs intermédiaires que, tour à tour, le Consulat, le premier Empire, la Restauration, la Monarchie de Juillet, le second Empire avaient empruntée à Montesquieu, qui lui-même la tenait des Anglais, rien ne saurait être politiquement retenu. Monarchie, aristocratie, démocratie, tels sont les trois régimes sur l'excellence et les vices desquels les publicistes du dixhuitième siècle poursuivent leurs dissertations. Mais Royer-Collard règne encore sur le canapé doctrinaire, que déjà « la démocratie « coule à pleins bords ». Y peut-on discerner un corps intermédiaire? Y rencontret-on d'autre opposition que celle des propriétaires et des salariés? Peut-on songer à attribuer à l’un ou l’autre de ces groupes inégaux, au détriment de l’un ou de l’autre, une double représentation : partielle dans la Chambre des députés, exclusive dans le Sénat ? L'idéal serait, selon Stuart Mill (1), d'associer à la Chambre populaire un corps qui pour traits caractéristiques offrirait l’éducation spéciale et le savoir. « Si l’une est la Chambre du peuple, l’autre devrait être la Chambre des hommes d’État. » Mais si cet idéal paraît peu compatible avec un système électoral si prudent et si ingénieux qu'il soit, peut-être conviendraitil désormais, plus simplement, à défaut d’un corps in-

(1) Gouvernement représentatif, ch. XII.