La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795

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chait même à la deviner pour s’empreffer d'aller audevant d’elle; & les collectes volontaires, les fouffcriptions de tout genre, les charités publiques & particulières, égalaient & furpaflaient même fouvent les revenus de l'Etat. J'en appelle ici au témoignage de tous les étrangers, qui étaient ravis & confondus de ne jamais rencontrer chez nous même l'apparence ce la misère. Ils l’auraient été bien davantage ‘encore d'apprendre que la cinquième partie de notre population était conftamment affiflée par les citoyens riches & aifés, contre lefquels elle vient de tourner tout ä-coup fa fureur deftruétive. (1) Ii n’y avait d’ailleurs, dans cette petite république qu’a atteint le volcan de la Révolution Françaife, ni réformes à défirer, ni Clergé à dépouiller, ni abus à détruire, ni même de claffes privilégiées à jaloufer ; puifque, dans

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Mon cœur fe déchire! La malheureufe Genève eft déjà fur la première marche de cette humiliante dégradation.….Déjà, depuis que la claffe pauvre & laborieufe 2 dépouillé ou profcrit tout ce qu'il Y avait autour d’elle d'hommes riches ou aïfés ; elle a comparé plus d’une fois fon aveuglement, & le fort auquel elle s’eft réduite, à celui d’un village bâti fur les bords d’un ruifleau, dont, à Pinfligation d’un ennemi perfide qui en annonçait le débordement, les habitans infenfés auraient pour toujours détourné le courx © Genève! Genève !

(1) Le caraétère Genevois ne s'eft pas même démenti au milieu de l’horrible épreuve à laquelle les riches fe font trouvés en proie. Ts n’ont fongé à fe réunir que pour venir au fecours des pauvres. Une foufcription étant ouverte à cet effet, on a vu des Genevois ÿ venir verfer une partie de ce qu’ils avaient réuffi à fauver du pillage général ; & elle produifit, en peu de jours, au-delà de trois mille leuis.