La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795

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aucun temps; nos loix ne reconnurent ni noblefié * dans les familles les plus anciennes, ou les plus opulentes, ni roture chez celles qui l’étaient le moins. Quant à l’adminiftration des finances ; la pureté & la fcrupuleufe économie des anciens magiflrats qui les géraient, ne pouvaient être comparées qu’à leur défintéreffement perfonnel. Il était tel, que leurs fucceffeurs, en s’emparant de leurs places, commencèrent par en doubler & tripler les falaires: encore ces falaires n’ont-ils point fufñi à l’intempérance de leurs pañions (1), & à l’avidité de leurs rapines, puifqu’ils viennent d’avouer que, dans le cours des fix dernières femaines, il y a eu une dépenfe révolutionnaire, c’eft-à-dire une dilapidation de 20,000 louis, & qu’il n'en refle que 16,000 ; ce qui eft loin de repréfenter la totalité des fommes que le piilage aurait dû verfer dans le tréfor public. Quelque petit que foit le théâtre fur lequel vient de fe pañfer ce drame révolutionnaire ; par cela même (x) Pendant prefque tout le cours de cette révolution enfanglantée, les chefs n’ont celfé de faire, aux fraix de l’Etat,de grands repas, & de véritables orgies ; tandis que Jeuts fubalternes vivaient à difcrétion, dans les maifohs des gens riches ou aifés dont ils vuidaient les caves... Le compte de cette dépenfe, publié le 10 Septembre par les Révolutionnaires, préfente des détails inimaginables. C’eft une longue lifte de déjeñnés, repas foit de nuit Joit de jour, liqueurs, firops, vin fins, bierre, orgeat, limonade, &c. &c. On y trouve jufqu’à pipes, labac, poudre à poudrer, pomade, rubans, favonnettes, pour l’ufage des fonétionnaires publics. (On yÿ trouve auffi certaines fommes qu’ils fe font fait avancer en fus de leur vacations ; & enfin, un article de fix louis & demi, pour les pompes à feu deffinées à difperfèr un ra Gmiblemcnt de Cioyenness