La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795

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état fi violent devait amener quelque crife, & elle pouvait être terrible: il n’en elt cependant réfulté qu’un léger incident qui, quoique d’abord fort alarmant, ne peut avoir que des fuites heureufes. Le 27 Mai, à la réception des lettres de Paris, qui annoncèrent le triomphe complet de la Convention fur les Jacobins de cette capitale, quelques-uns de ceux de Genève recommencèrent leurs aggreffions pour faire croire qu'ils ne fe regardaient point comme affaiblis par une femblable cataftrophe; & ils affaillirent, dans une place publique, un jeune homme, qui portait une cravate verte, efpèce de figne de ralliement que quelques Genevois, ennemis déclarés de l’anarchie, ont adopté, comme à Lyon, en figne d’efpérance. Celui-ci tira un poignard, dont il tua fon aggreffleur, membre du fameux Tribunal Révolutionnaire, & bleffa l’un de fes fatellites. Le Gouvernement, qui avaitprévuquelquerixe femblable, & qui avait même pris des mefures pour la prévenir, fit très-prudemment prendre les armes à toute la milice. Celle-ci fe rangea fans balancer fous fes ordres, à l'exception des infurgens de la nuit du 19 Juille, lefquels, au nombre de 120 à 140, fe jetèrent de nouveau fur le Parc d’Artillerie, en menaçant de fe venger eux-mêmes, fi l’on ne vengeait pas la mort de leur collègue. Ils fe trouvaient en infurreétion ouverte, par cela feul que le pofte dont ils s'étaient emparés, n'était point le leur, & qu’ils refusèrent expreffément de pofer les armes, lorfque le Gouvernement en donna l'ordre général. L'occafion était belle pour les combattre, puifque, parmi les révolutionnaireseux-mêmes, on eût trouvé un nombre fuffifant de citoyens qui n’auS