La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795

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faient pas mieux demandé fans doute que ce prétexte honorable de fe purger du fang innocent dans celui des vrais coupables; & cette vengeance éclatante prife les armes à la main, aurait fufñ pour les rétablir dans l'opinion de l’Europe. Le Gouvernement n’a point ofé y concourir : foit faibleffe réelle, foit prudence peut-être, il a préféré, comme tous les gouvernemens timides, négocier avec les infurgens. Ceux-ci lui rendirent le Parc d’Artillerie, à condition que le jeune homme qui avait donné le premier exemple d’une réfftance fi utile à l’ordre public, ferait jugé dans le même jour. Heureufement il s'était évadé ; les fuges l’ont condamné à mort par contumace, en lui imputant à crime, non point de s'être défendu, mais de s'être fervi d’un poignard préparé à cet effet, & non d’un couteau ou autre arme occafñonnelle.

Si cetincident a montré la nullité du Gouvernenent; la réunion de toutes les claffes pour lui prêter leurs forces contre les anatchiftes, a fufñi pour convaincre ceux-ci de leur extrême faibleffe. Tout eft bientôt rentré dans l’ordre précédent, à cela près, que les émigrations ont augrnenté, qu'il exifte un fcélérat de moins, que fes aflociés paräifferit falutairement effrayés, 8 que, fuivant toute apparence, ils n’oferont plus recommencer les aggreffions individuelles, qui ont tant flétri Genève depuis trois ans.

L'expofé qu’on vient de lire fuffit pour faire comprendre qu’il y a, dans ce moment à Genève, trois partis diftinéts qui correfpondent très-exaétement à ceux qui divifent la France.