La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795

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d'induftrie, ou de bienfaifance, confacrés à prévenir

ja misère, & à faire le bonheur d’un peuple, qui pa-

raît toujours fort étonné de n’être point encore heufeux avec tant de moyens, en apparence fi efficaces pour le devenir.

Tandis qu’on le berce ainfi dans l’avenir de cet efpoir chimérique, le préfent l’opprefle & le déchire de toutes parts ; car fes chefs ne peuvent plus lui cacher qu’il eft profcrit & proclamé par-tout comme un peuple dénaturé ; que la Hollande, ancienne alliée de Genève, envifageant fes Magiftrats actuels comme de vrais brigands, vient de féqueftrer le paiement de tout ce qui peut être dû aux infortunés qu’ils tiennent fous le couteau révolutionnaire ; que quelques villes de commerce d’Allemagne profcrivent ies manufactures de Genève, ou du moins fes commerçans; & qu’enfin les Suiffes viennent de tirer autour de leurs frontières, un cordon qui repouñe, jufqu’à préfent,

#Æomme des peftiférés, tous ceux de fes habitans qui

Font trempé leurs mains dans les forfaits de la révolu; tion, ou même qui font reftés fous les armes pendant ‘qu'ils fe confommaient. (1)

Cependant pour étourdir ce peuple, & lui faire croire que, bien qu’anathématifé par fes voifins, il lui refte encore au loin des approbateurs, & même des amis, fes chefs ont eu l’impudeur d’ordonner, Je 1* Septembre, une fêre civique, dans laquelle, D ASE LA DT

(1) J'apprends que la plupart de ces mefares ont été où adou-

cies ou révoquées ; mais elles prouvent fufifamment l'impreflion

horreur que la Révolution avait produit fur les Etats voifins qui les avaient adoptées.