La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795

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tirant parti du compliment que la République Fran-

. çaife a fait dernièrement à celle de Genève, en plaçant fon pe à côté de celui des Ætats-Unis, ils ont déployé ce dernier avec éclat, afin de nourrir les Genevois de là douce iliufñon qu'ils font encore dignes de fe comparer à la République du nouveau monde, Il eft vrai. qu'à cette comparaifon on a pu lire en caraétèrés marqués fur le vifage de chaque afftant, la honte & les remords. Mais que penfer d’une peuplade, à qui, il ne refte d'autre vertu que celle de les laiffer percer, & d’autre courage que celui de les braver ?

À peine y peut-on rencontrer aujourd’ 4 un individu de quelque fortune, ou de quelque éducation, qui n'ait pas été perfonnellement atteint par cette épouvantable révolution. En effet, fi l'on ajoute les 343 dernières victimes aux $08 précédentes, il y a de quoi frémir en calculant que fa verge à déjà frappé près de la moitié de lAffemblée du peuple, telle qu'elle était compofée il y a deux ans, avant qu'on lui eut affocié un millier de natifs, & à-peu-près autant d'étrangers. Mais fi cet effrayant calcul ne fuffifait pas pour la peindre, un dernier trait en acheverait le tableau: cet que les foldats Français eux-mêmes, fous les bannières defquels elle fut commencée, ont verfé des larines, au récit qu’on leur a fait de fes derniers actes: c'eft que, maloré les ordres barbares de Soulavie, la plupart des Municipalités voifines ont protégée ouvertement les Genevois qui font venus fe jeter entre leurs bras, pour fuir cetté boucherie : c’eft qu'enfin elle a infpiré