La Serbie agricole et sa démocratie
nages, dont il y avait 69.347 propriétaires dans les villes et 331.746 dans les villages. De ce nombre total une proportion de 92 % de ces propriétaires possédaient de la terre.
Telle était, toute proportion gardée, la situation de la propriété quand il fallut organiser le nouvel Etat serbe et lui donner le gouvernement qui lui convenait. Il n’est pas surprenant que, dès 1835, un mouvement se soit produit contre l'autorité un peu trop arbitraire du prince Miloche, car, conscients d’avoir contribué à l'établissement de la liberté et s'étant vu assurer l'indépendance individuelle par l'acquisition de la propriété, les Serbes ne demandèrent qu'à garantir l’état de choses existant et à constituer un gouvernement s'adaptant à leurs habitudes, à leurs pratiques quotidiennes durant tant d'années. Tout le siècle dernier, les efforts des Serbes se sont principalement portés à parachever l'indépendance de l'État et à organiser le gouvernement démocratique du pays. Ces efforts furent finalement consacrés par la Constitution et les lois qui en découlent.
Taine écrivait : « Si jamais nous découvrons la Constitution qu'il nous faut, ce ne sera point par le procédé en vogue.
« En effet, il s’agit de la découvrir si elle existe et non de la mettre aux voix... A cet égard nos préférences seraient vaines... car d'avance la nature et l’histoire ont choisi pour nous. C’est à nous à nous accommoder à elles, car il est sûr qu'elles ne s'accommoderont pas à nous. La forme pratique et sociale dans laquelle un peuple peut entrer et rester n’est pas livrée à son arbitraire, mais déterminée par son caractère et par son passé. Il faut