La Serbie
LA SERBIE
Samedi 13 Avril 1918 — Nos
Le mouvement nationaliste en Autriche-Hongrie
Deux discours des députés yougoslaves Le mouvement nationaliste dans les mas-
ses du peuple yougoslave ne manque pas de lrouver son écho dans le Parlement de Vienne, dans les ‘jour-
naux, ælc. Ni les avertissements, m ‘les menaces pense les représentanbis du peuple yougoslave de faire leur devoir patriotique en se faisant les interprètes de la ferme volonté du peuple serbo-crontoslovène de secouer le joug austro-magyar. Le 22 février 1918, le député yougoslave Tressitch Pavilchitch a pris de nouveau la parole au Reichsrat. Son discours a été tout d'abord confisqué, mais cette interdiction a été levée par la suite. Nous avons déjà publié — d’après les journaux viennois — une partie de ec discours. Aujourd'hui nous le complétons d’après le texte publié par des journaux yougoslaves:
«Ce que j'ai dit le 19 octobre, affirme TresSitch-Pavitchitch, n'est que la pâle image de tout ce qui s'est passé en réalité et de tout ce qui se passe encore aujourd'hui dans dliverses régions telles, par exemple, le sandjak de Novi Bazar où toute la population serbe a été exterminée systématiquement, Ceux qui se sont déclarés les défenseurs «les droits culturels les plus sacrés de leur peuple, sont qualifiés de traîtres à la patriie, et sont menacés de la potence. Cependant si ceux qui menacent venaient à se demander combien il y en a encore en vie de ceux qui avaient ét& condamnés dans le procès de Sarajevo, ils seraient vwbligés de rougir de honie. La meilleure preuve de cette «moral insanilty» est le fait d'avoir prs ces otages dans les rangs des propres ressortissants de l'Etat, et d'avoir pendu les uns pour les acles commis par les autres. C'est, dit-on, la vengeance, Est-ce cependant une vengeance de divulguer ces méfaits pernicieux? Je demande au gouvernement: Pourquoi n'a-t-on pas accepté l'idée de l'élection d'une commission parlementaire, qui aurait pour tâche de procéder à des enquêtes sur tous tes cas néfastes? Si le gouvernement ne veut pas d’une commission d'’enquête, issue du sein de la représentation nationale, qu'il permette au mroïns aux journalistes et aux oraleur; d'en parler.»
passe ensuite aux négociations Brest-Litovsk :
L'’orateur de paix de
«Le comte Gzernin, a dit l'orateur, se trompe s'il se figure que des négocialions de paix, basées sur le principe de la non immuixlion dans les affaires intérieures de la Monarchie, soient possibles, particulièrement avec des Etats dans lesquels se sont déroulés des fails tels que ceux exposés par moi dans mion discours du 19 octobre. pour considérer les autres hommes comme des
frères, aucune force ne pourra les empêcher de s'immiscer dans les affaires antérieures iles
Etats dans lesquels domine le principe «homo homini lupus». Celui qui désire la paix extérieure doit l'avoir d'abord. dans sa propre mai-
Le monde entier peut se rendre compte du
cours des négociations pacifiques et du discours du comte Czernin, en quoi consiste le droit des peuples d’Autriche-Hongrie à disposer d'eux-mêmes, et comment les Allemands et nos hommes d'Etat interprètent ce droit. Celui qui joue avec ce droit populaire, ne veut pas la fin He a guerre; il ne fait que semer la semence de nouvelles luttes encore plus effroyables. L'évolution de l'humanité ne peut toutelois pas permettre que les lois naturelles et le droit naturel soient impunément foulés aux pieds. : «ÆLes Tchèques, les Slovaques, les Yougoslaves sont des peuples qui savent très exactement ce qu'ils veulent et ce qu'ils peuvent. Aucune intrigue, aucune menace diplomalique n'effrayera les peuples au point de les obliger à retrancher même le plus petit point de leurs programmes natiomaux. Les Yougoslaves revendiquent leur unité nationale et leur indépendance absolue. Ils ne se contenteront pas de miettes.
«Je me sens obligé. de répondre ici-même aux asserlions faites aux Délégations par le baron Burian. Dans la question de l’union. nationale et de la liberté, il ne saurait y avoir de «diffé rence entre les Slovènes, les Croates et les Serbes. On poursuit exclusivement le but de l'union des Slaves du sud, La rude école de la guerre de quatre ans a fait ouvrir les yeux même aux musulmans yougoslaves. Les Yougoslaves des trois soms el Ides irois confessions se sont renidu compte sur eux-mêmes de ce que signifie la fureur allemande, Les Yougoslaves on en effet, moins à perdre qu'à gagner. La mort même est préférée à la situalion actuelle. Voilà ce qui donne au peuple yougoslave la force de se prononcer en masse en faveur de la déclaration du mois de mai Tout semble indiquer que le plébiscite spontané en faveur de cette déclaration fera terminé . sous peu. Sans la reconnaissance des droits naturels des peuples, ce ne sera plus possible de signer un acte quelconque de paix, mais des cœurs sans sincérité ne sauraient donner au monde la paix véritable. La véritable paix. à laquelle nous aspirons sincèrement et chaleureusement ne peut pas être donnée par la diplomaie, Les diplomates ‘ont disparu en Russie; il en sera de même prochainement en Allemagne et en Autriche-Hongrie. Ceux des diplomates qui portent sur leur conscience la responsabilité de celle guerre mondiale, ceux qui ont provoqué de sang-froid ce conflit mondial, n'auront pas lhonneur de signer les vonditions de la paix.»
L’orateur passe ensuite à la situation extraordinaire qui règne en Dalmatie. 11 attire l'attention du gouvernement sur le fait que depuis sept ans déjà, la Diète dalmate n’a pas (été convoquée, que la majorité des conseils municipaux sont dissous, que tous les droits de citoyens sont suspendus, que les journaux sont gênés dans leur
activité et que la population se trouve dans la plus grande misère économique. «Le martyr qu'ont eu à subir les régions yougoslaves, s'écrie Pavitchitch, constituera la page la plus sombre, Ila plus noire et la plus $sanglante de l'histoire mondiale. Partout où nous \inigecns nos regards, nous ne voyons que l'anarchic qui vient d'en haut, Mais tout cela devra disparaître, lorsqu'on, établira ‘la Société des Na. lions, la sainte «Cosmopolis», un Etat divin construit sur la volonté libre des pays unis.
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La censure ünterdit la publication du discours que le député yougoslave Ravnihar a prononcé le 6 mars au Parlement de: Vienne. Le « Slovenski Narod » du 15 mars publie maintenant quelques passages de ce discours, tout en se plaignant de la sévérité inouie avec laquelle on procède à la censure des discours des réprésentant®
au Parlement :
En parlant du litige entre Polonais et Ukrai-
niens — écrit le Journal de Lyoubliana — lJ'oraleur à dit:
«Nous avons, nous Yougoslaves, également à cœur le sort des deux grands peuples slaves. Il est dans l'intérêt des Slaves de voir ces deux peuples parvenir à une entente fraternelle, à leur indépendance, à leur grandeur et à leur liberté. Nous souhailons une heureuse existence à la république ukranienne, et nous sommes prêts à soutenir de toutes nos forces les ÜUkraniens qui vivent en Autriche et en Hongrie dans leurs aspirations à leur liberté et à leur indépendance. Que l'Ukraine devienne la sœur de la Pologne. —— (Quant aux décisions de Brest-Litowsk, ül faudra qu'elles obtiennent une autre ratification: le dernier mot sera dit dans un aütre temps et dans un autre lieu. Trotzky, Lénine et Severjuk ne sont pas encore la Russie. Depuis le commencement, d'ailleurs, nous avons eu des doutes sur le droil de ces hommes à négocier et À conclure des traités au nom de la Russie. La paix conclue avec les chefs des bolchevikis est une paix imposée, dicl£ée par les puissances cenx trales. Par celte paix, Ce n'est pas une Alsace, mais plusieurs qui ont été créées.
« Brest Litovsk a démontré au monde entier que toutes les assurances autrichiennes d'une paix de conciliation sans annexions et contribulions n'ont été qu'une pure hypocrisie. « Quod
erat demonsirandum». Le comte Czernin qui s'est laissé fêter comme un «pater patriae» a
complètement oublié le rôle d'homme d'Etat moderne qu'il a voulu assumer devant les Délégations. A la première occasion qui s'est présentée de montrer sa valeur, il a agi comme un diplomate de la plus vieille école. Czernin se livre à des marchandages immoraux aux dépens, des intérêts des peuples; il n'a aucune considé-< ralion pour les unités naturelles des peupples et encore moins pour la volonté des peuples en question. Les territoires et les peuples ne sont pas des biens avec lesquels on peut trafiquer. Les idées ‘dont s’est inspiré Czernin appartiennent au Moyen Age, ou lout au miocins aux Congrrès de Vienne et de Berlni. Or ce sont ceux-ci qui précisément par suite des conceptions qu'ils ont senolionnées, ont donné lieu à la guerre mondiale actuelle. |
«Nous comprenpns la colère des Polonais; la parole donnée a été foulée aux pieds. Nous nous étonnons seulement qu'il y ait en général des Polonais pour croire aux promesses qui n'étaient que de vaines paroles, données exclusivement dans un but égoïste. Il peut se faire que ce soit la première fois que pareille chose arrive aux Polonais Quant à nous, nous savons tellement bien ce que valent les promesses que pour elles nous ne donnons abselumenf rien. Pour nous seuls les faits existent. Les Polonais se rendeni-ils compte maintenant quels sentiments suscitaif chez les autres Slaves l'attitude hostile de la délégation. polonaise à notre égard? Nous ne le leur reprochons pas car nous connaissons l’habileté grossière du gouvernement de cet Etat et par quels procédés il a toujours utilisé un peuple contre un autre. Nous ne le leur reprochons pas, parce que le peuple polonais luimême n'en est pas responsable. Voilà pourquoi, malgré tout ce qui s'est passé, mous déclarons solennellement que nous travaillerons de toutes nos forces en faveur des droits, de la liberté et de l'indépendance du peuple polonais, en faveur de la réalisation- pour les Polonais, tout comme pour nous-mêmes, du droit de disposer librement de leur destniée. A cet égard, vous pouvez compier $ur notre alliance sans qu'il soit besoin d'un traité écrit et que nous demandions quelque chose en rertour. FES « Les hommes d'Etat autrichiens ont Jeté la pomme de discorde entre les Polonais et les Ukrainiens. Ils sont passés maîtres en cette matière. En spectateurs impartiaux, nous crions à haute voix aux deux parties: Arrêtez-vous ! «tertius gaudetl»
L'orateur a parlé après de la famine qui règne dans les pays yougoslaves et dans toute l'Autriche.
L'orateur a parlé après de la famine qui règne dans les pays yougoslaves et dans toute l'Autriche. . «Bien que le ministre président nous reproche de prolonger la guerre, nous sommes obligés de dire: l’Autriche est au bout de ses forces; mous ne pouvons plus tenir! ‘
«Il est facile aux membres honorables du «parti de la patrie» allemand qui siègent à la Chambre des Seigneurs de se livrer à des dé. clamations dans leur nid bien chawd et devant des assieltes abomdamment remplies, il est facile de faire la guerre avec le sang et avec fa misère des autres. Ges vieux Messieurs ne savent même pas ce que c'est que la misère. Que fleur importe d'ailleurs la mort de a milliers de Slaves? Tant mieux, disent-ils. Que ces Messieurs çoient persuadés cependant que l'heure fatsle sonnera également pour eux et cela peutêtre dans un avenir tout proche. Nous souhaitons que leur sort soit clément.»
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L'orateur parle ensuite de ceux qui se sont rendus coupables envers le peuple yougoslave :
« Jusqu'aujourd'hui aucun criminel n'a été puni et cependant nous avons donné leurs noms. Le président du Conseil veut de nouveau faire en sorte que la minorité l'emporte sur la majorité. C'est ici un axiome quül doit en tre ainsi ef non pas autrement. On doit se demander si dans cette salle on doit toujours jouer selon les ordres. A chaque essai de montrer notre force, on pose l'alternative: ou le système gouvernemental et la suprématie ges Allemands obtiendront la majorité où -—- le Parlement s'en ira chez lui.» ,
En ce qui concerne le vote du budget, Ravnihar a déclaré que les Yougoslaves voteront conitre, car :
«donner des crédits à celui qui nous vpprime, c'est lui fournir les armes par lesquelles il continuera à nous assassiner. »
A la fin de son discours, l'orateur youugoslave a dit que jamais Les députés de l'opposition n'ont mieux représenté lélat d'esprit de leurs électeurs qu'à cette heure décisive :
«Le Parlement el la liberté de Ja presse sont les seuls moyens par lesquels peut se mani: fester l’exaspération indicible des populations. Nous ne regardons pas derrière nous el nous ne saurions reculer. Le peuple yougoslave tout entier, Jusqu'au dernier homme, jusqu'à la dernière femme, est convaincu, comme nous Je sommes, que le peuple des Croates, des Serbes et des Slovènes doit organiser lui-même fon avenir dans son propre Etat libre.»
Grandes manifestations yougoslaves à Zagreb
La «Reïchspost» du 23 mars, si hostile à l'égard du mouvement yougoslave, publie une correspondance, de Zagreb contenant quelques détails des incidents qui, à l’occasion du centenaire du poèle croate Préradovitch, se sont déroulés à Zagreb. Ces incidents caractérisent de la façon la plus admirable l'atmosphère qui règne dans la Monarchie.
«Le 19 mars, écrit la « Reïchspost», élaït l'anniversaire de la naissance du grand poète croate Preradovitch…, C’est précisément le souvenir de ce poète que les Yougoslaves ont voulu mettre à profil pour leurs manifestations. Ils-ont voulu en faire un précurseur el champion du yougoslavisme polotique. Il ne s'agissait pas ici de Preradovüitch, mais du yougoslavisme. Celui-ci, profitant de la liberté illimitée qui règne sous le régime de Mihalovitch, utilise chaque occasion pour provoquer Une agitation. |
La méthode employée par les aulorités est bien étonnante. Elles accordent à la presse yougoslave une liberté c&mplète et ue font rien pour empêcher les manifestations. Elles se bornent à cacher le plus soigneusement possible au monde étranger ce qui se passe dans ce pays. Celui qui a vu les excès commis le 19 mars dans les rues de Zagreb et qui en a lu les comptes rendus dans la presse de Zagreb doit se demander avec le plus grand étonnement si de pareilles choses sont vraiment possibles. Voici quelques faits irrécusables.
Le commandant des patrouilles Bochniak, frère du conseiller Bochniak, un Serbe, arriva à deux reprises avec son cheval dans la foule de telle sorte qu'il fut forcé de s’en aller à pied jusque chez lui. La police — obéissant sans doute à des instructions supérieures — a fait sù légèrement son devoir qu'elle n’a empêché rien de ce qu’elle devait empêchier. Le commandant Bochnäak est entré en négocia-
‘tions avec les manifestants el s'est excusé aunrès d'eux des instructions qu'il avait reçues. C@e qui se passait était vraiment terrible, et. quels cris n’a-t-on pas eniiendu : Vivela Serbie! Vive Troumbitch! Vive Pachitch! À bas l'Autriche ebc., etc. Ces cris parlaient: de (tous les côtés. Des écoliers à peine adultes et des écolières dominaient dans la ville. Quiconque n'avait pas hissé le drapeau était menacé de voir ses fenêtres brisées: toute la ville était pavaisée... [Les vitres de la ma'son du docteur Horvat ont été cassées. Malgré la soidisant interdiction, on a prononcé sur le
. cimelière des discours et on a déposé d’innombrables couronnes avec des cou leurs serbes. Les manifestants euxmêmes étaient fleuris aux couleurs serbes. Tout cela s’est passé devant les yeux de la police qui a tout toléré et s’est ainsi faite la complice des manifestants. Ce n’est qu'après que la foule aët brisé quelques carreaux du bâtiment de la gare, que la police a tiré en l'air. Les hommes politiques en opposition avec le mouvement yougoslave se sont vu apostropher dans les rues par la jeunesse déguenillée et quiconque était d’une opinion contraire à celle de cette jeunesse dorée faisait mieux ce jour là de ne pas s’aventurer dans la rue.
Ce qu'il y a de plus triste dans cette
affaire, c’est l'attitude du Théâtre National.
Craïgnant que la représentation solennelle
| caractéristique
projetée, ne devienne l’occasion de manilestations, on avait jugé bon de l'interdire. L'’intendant du théâtre, Hreljanovitch, député aux parlements de Zagreb et de Bu dapest, un des piliers de la coalition croatoserbe, ne vouiui pas alors pcrmettrle, qu'on donnât ce jour au théâtre ‘une autre meprésentation, ceci en guise de protestation con. tre la défense de la représentation officielle, Les manifestants pénétrèrent même dans Je palais du parlement où ils obligèrent ceux qui s'y trouvaient à hisser ‘le drapeau.
Les manifestants sont loin d’avoir été aussi innocents qu'une certaine presse s'efforce de Les représenter.
En résumé ce jour à été toui au service de Pachitch et de Troumbitch. »
Les Slovènes et l'Italie —
Le « Slovenetz » de Lioubliana consacre dans son numéro du 18 mars un article au rapprochement ïijaloyougoslave. Après avoir repoussé les intrigues des journaux allemands tendant à éveiller les soupçons des milieux slovènes contre l'Italie, la « Slovencetz » continue :
« Malgré cela, l'Italie n’a pu jusqu'à présent renoncer à ses aspirations sur la côte adriatique slave. L'ancien traité de Londres a été effectivement, sous la pression de la Serbie et de l'Entente, quelque peu modilié. L'Italie a réduit quelque peu ses frontières, mais les frontières qu'elle s'est tracées pour l'avenir entrent toujours dans noire organisme vivant. À cet égard il ne doit subsister aucun doule en ce qu concerne nos rapporis envers elle, aucune raison pourrait nous contraindre à laisser notre organisme national et nüatre pays se diviser en deux parties: seule la force pourra s'emparer du territoire sur lequel nous vivons. L'Italie n’a plus de raisons pour employer la force et, si elle l'em-
ployait, la force provoquerait une réaction. L'Italie peut traiter avec Pachitch;
c'est compréhensible et c'est nécessaire, carenfin une emtente entre l’Italie et les Yougoslaves doit intervenir. Un fait cependant existe: à savoir que personne n'a le droit de trafiquer de notre pays. De même que nous avons combattu et comme nous @ombatlons la tendance de l'annexion de la Serbie par la Monarchie — car nous considérons le règlement de la question serbe comme appartenant exclusivement au peuple serbe lui-même — de même nous ne reconnaissons à personne le droit ae décider du sort de notre peuple qui est une partie intégrante du peuple yougoslave. Les traités conclus à notre détriment et sans noire consentement n’ont aucune valeur, quel que soit le lieu où üls ont élé conclus et le: personnes qui les ont signés. »
La question yougoslave en Allemagne
La « Deutsche Tageszeitung » du 19 mars commente la nouvelie publiée par un journal el immédiatement démentie par l'officicuse « Norddeutsche Allgemeine Zeitung», d'après laquelle l'Allemagne exercerait une influence ou conseillerait l'Autriche &n vue de résoudre la question yougoslave :
« [Il ne s’agit pas, dit la feuille pangermanique, de savoir si cette nouvelle est inventée ou non, mais quelle sera son influence. On voudrait créer l'impression que l'Allemagne reconnait que la « question yougoslave » comme un ensemble et qu'elle s'engage en faveur des vœux des Yougoslaves. Si du côté autrichien on n€ se prononce pas avec la plus grande fer-
meté contre celle asserlion, elle pourrait én effet avoir une influence très forte
sur la population yougoslave.
« La « Norddeutsche Allgemeine Zeitung?” a parfaitement raison de nous déconseiller de toute immixtion dans les affaires inlé rieures de l'Autriche, mais elle oublie de dire qu'il s’agil ici d'une question qui dépasse de beaucoup le cadre des rapports. intérieurs de l’Autriche-Hongrie. Il ne peut pas nous être indifférent de voir, dans’ la monarchie dualisie de l’AutrichieHongrie, alliée à l'Allemagne, surgir une créalion étatique dont la situation vis-à-vis Vienne et l'Allemagne n’est pas du tout précisée; la question de savoir quelle est la force de notre allié et de son armée ne saurait laisser l'Empire allemand indifférent, etc. Devrait-on, par exempie, Considérer comme une question intérieure dé l’Autriche le fait de voir une très forte barrière yougoslave se placer devant l’Adriatique? L’alliance germano-autrichienne est
exposée chaque jour à de nouvelles épreuves de sa résistance, telles que les
Voyages des comtes Lützow et Mens en Suisse, le discours de Lammasch, etc [l s’agit ni plus ni moins de la force Ge l'alliance autrichienne et ce n’est pas un£ affaire de peu d'importance même lorsque € Vienne, ne nous parviennent que des nouvelles «bonnes et meilleures. »