La Serbie

pénale, Il est convaincu que les peuples consentiraient volontiers à accorder aux autorités communes la compétence dans ces matières. M. Zenker est très optimiste en ce qui concerne les dispositions des peuples d’Autriche-Hongrie à accepter une telle solution. Voilà ee qu'il dit à ce sujet:

« On peut avoir la plus grande confiance que les peuples d’Autriche, si on les laisse faire eux-mêmes, ne s’en iront pas chacun de leur côté, parce que les nécessités intérieures qui ont conduit au maintien de la Monarchie durant des siècles entiers, se font sentir encore aujourd'hui et peut-être plus que jamais. Les tendances irrédentistes qui paraissent çà et là et qui naissent plutôt par la conscience de la contrainte que par la nécessité réelle d’une séparation, disparaitront après quelque temps. Si donc les peuples doivent considérer l'Autriche comme leur maison, leur patrie, et leur foyer, il faut leur accorder aussi la possibilité d’arranger cette maison à l'intérieur d’après leurs besoins, leurs goûts et leur volonté. C’est là que réside la plus grande et la plus indispensable renonciation que le gouvernement doit faire s’il veut contribuer à la réalisation de la grande œuvre de régénération. »

Le projet de Zenker est sans doute sérieux en lui-même, ce que l'on constate aussi en voyant les moyens qu'il propose d'appliquer immédiatement pour arriver à une solution dans le sens de ses idées. II réclame notamment la création immédiate, dans chacune des nations qui forment l’empire d'Autriche, un conseil national provisoire, qui serait considéré comme la seule représentation qualifiée de la nation. Chaque conseil enverrait des délégués à un Congrès général qui s'occuperait de toutes les questions constitutionnelles. « Les peuples, explique M. Zenker, seraient pour ainsi dire détachés provisoirement de la forme d'Etat actuelle. Comme des puissances, indépendantes, ils seraient assemblés en un Congrès de la paix autour de la table ronde. »

On ne peut nier que le projet Zenker représente, dans ses grandes lignes, la seule issue possible pour la Monarchie des Habsbourg si elle veut exister après la guerre. Mais cette constatation contient en même temps l'arrêt de mort de l’AutricheHongrie, parce que de tous les projets de reconstruction de la. monarchie dualiste, le projet Zenker est celui qui est le plus irréalisable, Tout le tragique de la question autrichienne est là. L’Autriche-Hongrie ne peut pas exister autrement que basée sur la prépondérance de l’élément allemand et magyar. C’est uniquement à cette condition que l’Allemagne peut souffrir dans son

LA SERBIE

Les Magyars exproprient les allogènes

voisinage une puissance continentale telle que la Monarchie des Habsbourg. Du moment que l'Autriche-Hongrie perdrait ce caractère pour devenir une fédération où les Allemands seraient en minorité, ceuxci demanderaient les premiers à se séparer d’une telle fédération artificielle et à s'unir à leur métropole, l'Allemagne.

Quant aux Magyars, leur idéologie est encore plus éloignée d’une telle combinaison, Les Magyars n’admettent pas même une séparation de la Croatie, Slavonie, Dalmatie ou bien de la Bosnie-Herzégovine, pays où il n'y a pas un Magyar. De la Hongrie proprement dite où les Magyars sont en minorité, ils ne veulent pas parler, et c’est là que les peuples sont le plus exposés à l'oppression et à la dénationalisation. Ga

Si l'on forçait les Magyars à abandonrier les terres d’autrui et à se concentrer dans un Etat purement magyar, ne contenant que des ressortissants magyars, on pourrait former une fédération dans le sens de Zenker, mais une fédération dont les membres ne chercheraient que la première occasion pour se séparer et vivre leur vie indépendante. Quiconque connaît un peu les Magyars sait fort bien qu'ils ne consentiraient jamais à lâcher leur proie, sans être directement forcés, par les armes, à se dessaisir des biens d'autrui. M. Zenker s’en doute bien, et c’est pourquoi il propose de réaliser d’abord la fédéralisation de l'Autriche seule, laissant la transformation de la Hongrie pour plus tard, une méthode imprati cable en tout cas, vu les problèmes tchécoslovaque et yougoslave qui touchent aussi bien l’une, que l’autre moitié de la Monarchie des Habsbourg.

” Quant aux peuples slaves, ils auraient à dire eux-aussi leur mot, s'ils veulent rester dans la Monarchie même fédéraliste. M. Zenker fait preuve d’un grand ‘optimisme lorsqu'il suppose que les peuples slaves’et latins seraient heureux de pouvoir vivre dans une Autriche réorganisée. Ils seront, en tout cas, très heureux d’obtenir leur indépendance complète. Pour tout le reste,

il faut leur laisser leur pleine. liberté, et

nous ne voyons pas quel intérêt aurait l'Europe à forcer plusieurs peuples disparates, et ayant des tendances opposées, à vivre ensemble dans un tout artificiel.

« La seule issue » de Zenker, c’est le verdict de mort porté contre la Monarchie des Habsbourg. C'était bien le temps de voir les Allemands devenir plus intelligents et juger la situation de l’Autriche-Hongrie telle qu’elle est. Pour les peuples martyres, de telles confessions sont la meilleure preuve que le moment de leur libération approche.

L. M.

Samedi 24 Août 1918 — Ne

Cest avec une énergie fébrile que les Magyars poursuivent la magyarisation forcée des peuples non-magyars. [ls ne con-

naissent aucun obstacle pour arriver à

ce but. La justice, le droit de l’hommesont tout à fait négligeables quand il s’agit

de la création de «Etat national magyar », La dernière invention magyare

dans ce domaine concerne l'existence matérielle desipeuples nonrmagyars. Jusqu'à présent, les Magyars poursuivaient leur politique de magyarisation par l'exclusion dies peuples allogènes de ‘ous droits politiques et par léducation magyare forcée des enfants non-magyars. Mais tout dela me donnait pas les résultats désirés. L’interdiction aux enfants non-magyars d'apprendre à lire et à écrire dans leur langue maternelle ne parvenait pas engore à extirper le sentiment national de ceux-ci. Is $’obstinaient à demeurer fidèles aux traditions des aïeux. En face de celte situalion, les Magyars ne désarmaient point. Aujourd'hui ils veulent déposséder lous ceux qui n’embrassent pas la seule ét unique idée magyare, qui suivant les Magyars à seule le droit d'exister èn Hongrie.

Ne pouvant pas épanouir leurs forces créatrices dans la vie publique de l'Etat, les peuples allogènes ont mis toute leur énergie dans Pactivité économique. Ts aichleaient et ceultivaient des terres, ce que ne pouvait leur interdire aucuné loi humaine, Grâce à leurs capacités kel à leur endurance, les peuples non-magyars devenaient chaque jour plus forts économiœquement. Plus ceux-ci devenaïent forts, plus les Magyars, habitués à jouir du travail d'autrui, se sentaient affaiblis. Auissi un danger visible menaçait d'en bas l’'œuvre magyare, bâtie à laide de moyens politiques. Le branle-bas a été donné par les par triotes vigilants et le gouvernement — que de soit celui de Tisza où de n'importe quel autre — saisissant l’occasion que lui offrait la cohüe de la guerre, s'empressait de mettre « l'avenir magyar » sur des bases solides, Ainsi naquit l’idée que les maîtres en cette matière, les Allemands, pratiquent sans grand succès en Posnanie, cest-àdire l’expropriation forcée des biens des populations autochtones non magyares, el la colonisation à leur placa des purs

. Magyars.

Cette mesure inique et incompréhensible aux civilisés, tendant à empêcher aux citoyens séculaires de posséder des biens immobiliers, parce qu'ils n’appartiennent

pas à la race régnante, remplit à juste

titre chaque être humain d'horreur et d’indignation, Cependant la race élue des Margyars ny voit aucune injustice, Toute action, toute mesure, si inhumaine et injuste soit-elle, leur paraît appropriée si elle est capable d'assurer la domination intangible des Magyars.

L'idée de Pexpropriation et de La prohibition d'achat des biens appliquées aux citoyens de race non-magyare date de longtemps. Quand les Allemands ont voté au Parlement prussien la loi d'expropriation des biens des Polonais, les Magyars applaudirent à ce grave attentat aux droils naturels de l’homme let le qualifièrent de haut fait, de sagesse politique et en demandèrent l'application en Hongrie. Pendant la guerre le momient paraissait propice à l'exécution de ce vœu. Encore sous le gouvernement Tisza — naturellement après que le danger russe et roumain eût cessé

d'être suspendu au-dessus de la Hongrie — de ministre (rhillanyi se préparail à déposer au Parlement le projet de loi conçu dans ce sens. Sous le ministère Esterhazy le ministre de lAgriculture Mezôssy la mise en vigueur sous forme d'ordonnance gouvernementale. Et le ministre Serenyi du ministère Wekerlé

erlé,, veille actuellémen] à son exécution efficace, Gette ordonnance qui s'étend sur toute la Hongrie, exige que tout achat et vente des biens immobiliers soil soumis à une délégation gouvernementale spéciale, de qui dépend la validité des contrats, L'approbation des contrats est refusée au cas où Palffaire se fait entre un Magyar et un non-Magyar. Ce principe est rigoureusement observé et jusqu'à présent l'approbation n’a été accordée À aucune transaction où l'acheteur était de race non-magyare, Outre la prohibition d'achat, le gouvernement se réserve le droit d’expropgier par force certains biens immobiliers (Œquï lui semblent nécessaires pour la colonisation des Magyars.

Parmi d'innombrables violences que les Magyars commettent avec désinvolture, nous avons tenu à ciler celle-ci, qui éclairera mieux la mentalité des gens à qui l'Europe a permis de gouverner jusqu'à présent dix millions d'hommes condamnés à se voir chassés de leur patrimoine séculaire, Quant à nous, nous ne sommes pas trop émus de ces violences, parce quê nous avons la conviction ferme que les démocraties occidentales sauront trancher la question de Hongrie et alors toutes ces « réformes » de saveur magyare ne Seront que le souvenir d'un cauchemar qui a vécu,

Bb. P,

La propagande bulgare en Suisse

Dans la « Nation » du 10 août, M. Debrit invite les Suisses d'aller en Bulgarie el en Turquie pour s'assurer sur place de. la confiance el de la considération dont la Suisse jouit dans ces beaux pays. « Nous pouvons leur donner l'assurance, écrit M. Debrit, que les plus fougueux d’entre eux seraient reçus avec sympathie, car on leur pardonne d'avance leur maladresse et leurs écarts en raison de leur ignorance des choses d'Orient ». Et M. Debrit ajoue: « La Suisse peut. si elle le veut, et ce serait présque un devoir pour. elle, être l'éducatrice de tous ces peuples ».

Nous comprenons l'amour Si passionné des Bulgares et des Tures envers la Suisse, mais nous sommes aussi certains que les vrais Suisses le comprendront également el qu'ils ne sé laisseront pas .berner par ces manœuvres maladroites. Le journal bulgare, la « Kambana », est plus explicite que la « Nation ». Il écrit -en effet dans son numéno du 23 juillet que la propagande bulgare en Suisse na pas encore réussi à gagner la- presse romande pour la cause bulgare, pour la vérité, Cette presse publie toujours, affirme Ta: « Kam-

bana», des mensonges, «Il y a cependant, dit la « Kambana », à Genève, un

seul journal objectif et indépendant, c'est la « Feuille», Cest dans c& journal que nous pourrions pour le moment placer nos articles en faveur de la justice et de là vérité »,

1

FEUILLETON

=.

Le régime de la navigation sur le Danube

LE RAFPORT

que la Convention Nationale en 1792 à restauré le prin« cipe de la liberté des eaux fluviales navigables. - | Sous l'inspiration des idées modernes le Traité de Vienne de 1814 avait posé les bases fondamentales du régime la navigation sur le Rhin, les premières dans! ce genre de conventions internationales, On y, prévoyait l’extension. de ‘ces clauses aux autres fleuves navigables, mais c’est

de

nalures.

missions,

rains, formée par l'Autriche, la Bavière, le L el la Turquie avec les principautés suzeraines d'alors, la Serbie et la Roumanie, était chargée d'élaborer le règlement de navigation el de police fluviale, ainsi que d'écarter les empêchements à la navigation de toutes 1es

Würtemberg

L'Autriche était représentée dans toutes les deux com

à la Conférence internationale parlementaire du commerce PAR

Drago Yoksimovitch, député serbe

Les voies nalurelles (ont exercé, comme il est bien connu, depuis les temps les plus reculés, une influence considérable sur le développement des relations comfmerciales entre les peuples de toutes les parties du (monde, La Sérbie, n'ayant pas eu d'accès à la mer, celte cir“onstance s'était toujours fait lourdement senlir dans sa vie économique,

IL serait superflu de vous entretenir de l’histoire des vaies fluviales, Surtout je n'aurai aucun besoin de parler longuement sur ce thème devant une assemblée, dont les membres sont parfaitement au courant de loutes les questions. touchant le commerce en général,

‘ Le but que je me suis proposé est beaucoup plus ‘modeste et consisle simplement à attirer votre attention sur les graves injustices qui ont toujours été commises en Ge qui concerne la navigation sur le Danube, et de vous prier de rechercher une solulion qui sauvegarderait à l'avenir tant les intérêts des petits peuples) balkaniques, que Ceux des grandes puissances occidentales, ‘ d ; ,, Comme vous le Savez, on a ‘commencé à porter de Pintérêt ‘à la question de [a navigation fluviale depuis

seulement plus tard, en 1856, par le Traité de Paix de Paris que la navigation sur 1@ Danube reçut une pres mière solution, ji

Avant cette époque, là navigation sur ce, fleuve sa faisait en vertu des conventions locales, conclues entre les pays les plus intéressés, Lels que la Russie, l'Autriche et la Turquie, dont la frontière d'alors longeait en grande partie le Danube.

Tombant dans le domaine de cette partie de là politique, orientale, dans laquelle la Russie et lAutriche tendaient à mesurer leurs forces réciproques, le Danube se. trouvait tantôt sous l'influence de l'une, tantôt de lautre de ces deux puissances concurrentes, suivant les privilèges momentanés que leur accordait la Turquie.

La plus importante parmi les conventions de ce genre, conclues entre la Russie et l'Autriche, a été celle de 1840 qui: traïtait la question de la régularisation duf bras danubien Soulina, afin de faciliter la communication du Danube avee la mer Noire.

Cette convention est d'autant plus importante que, par suite des désaccords entre la Russie et l'Autriche sur la demande de cette dernière, ses dispositions ont dû être introduites dans le Traité de Paix de Paris en 1856.

C'est ainsi que la question du Danube devint pour la première fois l'objet des préoccupations des puissances_ européennes.

Ce Traité de 1856, prévoyait deux commissions. La Commission Européenne, dont faisaient partie les grandes puissances d’alors, devait prendre soin de Pembouchura du Danube et la Commission Danubienne des Elats rive-

| Etant donné l'existence du Règlement sur la navigation du Rhin, il était très, facile d'élaborer . celui du Danube, puisque les mêmes principes devaient être maintenus. Mais l'Autriche ayant manifesté, dès le début des pourparlers, son intention de rester maîtresse absolue du Danube,stout échoua. ÿ La Commission riveraine s’est réunie à Vienne, en 1857. où fut signé l'acte de navigation, par lequel le cabo* tage devait appartenir uniquement aux Etals riverains. On aurait pu croire que l'Autriche voulait par-là pro téger aussi les intérêts des petits pays balkaniques. Au contraire, Ge fut un manège habile de VAutriche qui, en vérité. se réservait la part du lion, car elle seule possédait en c& moment une société de navigation à qu! elle voulait assurer l'avenir avec le concours de. PEU rope loccidentale, ‘ Son intention a été dévoilée à temps, et comme le règle” ment devait être soumis à l’approbalion des puissances

signataires du "Traité de Paris. celles-ci refusèrent leur

consentement à la Conférence de Paris en 1858.

En 1866, à la Conférence internationale de Paris, la ques” tion du Danube s’est présentée. pour la deuxième fois devant l'Europe. mais cette fois ci non plus elle n'a pai été définitivement tranchée par la faute de l'Autriche. Car, en effet, l'Autriche n'avail aucun intérêt à faire aboutir les. pourparlers puisque c©est la société de navigation sur le Danube fondée déjà en 1830 à Vienne qui 4val le privilège exclusif des services de communication sur la Danube n'étant menacée d'aucun concurrent.