La Serbie

régions et s'assurer des commandes pour leur industrie, En ‘un mot, üls ont agi comme s'ils étaient seuls au monde el maintenant lorsqu'ils croient avoir atteint leur but, ils invitent les autres Etats à reprendre leurs anciennes relations avec eux!

Leurs àmis et alliés, Autrichiens et Magyares, manifestent une mentalité semblable lorsqu'il s’agit des rapports économiques qu'ils se proposent de renouer après la guerre, Cest ainsi que quelques jours seulement avant la réunion mentionnée plus haut des industriels allemands; a eu lieu à Budapest une assemblée des notabilités politiques et industrielles magyares où il fut question du « Balkanprogramm » ou mieux de la politique coloniale de la Monarchie, Dans la réunion de la Société Economique Hongroise pour la Bosnie el pour l'Orient, le ministre de l'agriculture, M. J. Stzerenky, développa le programme de la politique économique de la Monarchie. Nous y reviendrons dans notre prochain numéro. M, D. M.

L'Amérique et la Bulgarie

M. Reiss, répondant au journal & Independent », de NewYork, au sujet des rapports bulgaro-américains, vient de publier dans la « Gazette de Lausanne » les lignes suivantes :

« Le complimient que l’auteur de l’article croit faire au consul général Murphy ken le désignant comme « persona grala » auprès du gouvernement de Sofia est plutôt singulier, Comment, le représentant des Etats-Unis, alliés de la France, de TAngleterre, de l'Italie et de la Serbie qui déplorent.tous les jours des morts, Lués souvent dune façon barbare par les Touraniens slavisés, les alliés de l’héroïque Serbie anéantie par les Bulgares esl « persona grata » à Sofia? L'écrivain de celte énormité ne $ent-il pas linjure qu'il fait à cet homme? Et des vingt-cinq mission naires, professeurs, etc., sont-ils vérilablement une raison suffisante pour faire bande à part? Le but de fous les Alliés de l'Entente n'est-il pas le même pour lous? Certainemient, lorsque les hommes de Washington à la grande joie de tous ceux qui aiment le droit et la liberté, ont déclaré la guerre à l'Allemagne, il y avait dans ce pays plus de vingt-cinq ciloyens américains qui n'avaient pas de plaintes à présenter contre les Allemands. Et pourtant ils ont déclaré la guerre et on ‘bien fait.

Enfin, l’article en question se termine en s'apitoyant sur les pauvres soldats bulgares, fatigués let exposés au climat in-

fernal de Ia Macédoine. Ces pauvres Bul--

gares, qui voudraient bien rompre avec leurs alliés, mais ne le peuvent pas, ct qu'il serait difficile de «compter même nominalement parmi les ennemis de l’Entente! » L'auteur, en écrivant ces lignes, a-t-il pensé aux victimes de ces Bulgares? A-til pensé aux milliers d'hommes, de femmes et d'enfants serbes el grecs massacrés, aux déportés sans nombre qui meurent dans les plaines marécageuses de la Bulgarie où en Asie-Mineure, aux prisonniers de guerre serbes, français, grecs qui se suicident parce qu'ils ne peuvent supporter leurs souffrances, aux maux sans nom des contrées serbes el grecques occttpées par les sujets de Ferdinand? Nous ne le croyons pas, car sans cela il n’aurail pas eu le courage d'écrire l’article que nous venons d'analyser, L'Amérique est entrée en guerre pour collaborer à une œuvre hautement idéale: la victoire du droit et de la liberté sur la force brutale, IL n’est pas possible qu'elle traïle en privilégiée la Bulgarie. »

Le programme de M. Millerand

M. A. Millerand a publié dans la « Revue des Deux Mondes » du 4er août, un article remarquable sur la guerre et la paix, à la veille de la cinquième année. Il y dit notamment :

« Question capitale en effet qui doit toujours être présente à nos esprits, que celle de l’origine de la guerre. S'il est exact, comme il l’est, qu'un gouvernement et un peuple aient déchaîné sur le monde le fléau dont il est dévoré, qui doutera que la paix ne peut étre réellement établie que le jour où ce peuple et ce gouvernement criminels

auront été mis dans l’impuissance de re-

nouveler leur forfait.

« Ainsi la connaissance des origines de la guerre dicte sa conclusion nécessaire ».

Après avoir établi ainsi son point de départ, M. Millerand continue :

« Depuis quatre ans, on a souvent, et d'autant plus souvent qu’on s’éloignait davantage du début des hostilités, posé ce point d'interrogation: quels sont nos buts de guerre? Rectifions avant tout une terminologie impropre. Que l'Allemagne qui a voulu et déclaré la guerre, se propose des buts de guerre, d'accord. L'Entente qui l’a subie, ne connaît que des conditions de paix. — Quelles sont donc les conditions de paix qu’elle serait disposée à accepter ?

« L'Allemagne, poursuit M. Millerand, a montré avec éclat, par deux fois, coup sur coup, ce qu’elle cache sous le nom de paix La paix de Brest-Litovsk en premier lieu. Et la paix de Bucarest a, j'imagine, achevé de convaincre ceux que l'expérience précédente n'aurait pas encore éclairés.

« En présence de tels actes, qu'elle imagination serait assez folle pour rêver que le militarisme prussien ait pu jamais concevoir la pensée de se condamner luimême, de cesuicider, en offrant à la France la restitution de l'Alsace-Lorraine, symbole vivant de sa puissance? Il est d’ailleurs d’autres Alsaces-Lorraines. Quand l'Italie est entrée en guerre, n'est-ce pas dans l'espoir de libérer les terres irrédentes ? Le jour ou la Roumanie a pris la résolution de se joindre à l’Entente, ne se proposaitelle de délivrer du joug hongrois pour les réunir à elle ses frères de Transylvanie? L'Entente ne l’ignorait pas. La force et l'honneur de notre cause, ce qui en assure le triomphe, c'est que notre salut est lié au salut, à la libération des nationalités opprinées. « La conséquence la plus heureuse sans doute du retentissant incident Czernin aura été de dissiper l'illusion autrichienne. Des politiques subtils, autant que bien intentionnés, nourrissaient l'espoir de se faire

une alliée de l'Autriche délivrée, grâce à nous, du pésant joug de l'Allemagne. Is ne mettaient pas en doute que le jeune empereur ne subit avec impatience le rôle qui, pour «brillant» qu'il soit, ne laisse pas d’être humiliant, d'éternel second. À supposer exacte l'analyse psychologique des

sentiments prêtés à l'impérial et éventuel

interlocuteur, restait à mettre sur pied la solution destinée à établir l'accord entre l'Entente et lui. Se figurait-on bonnement qu’en même temps qu’il offrait à la France l'Alsace-Lorraine qu'il ne détenait pas, il était prêt à amputer son empire de Trente et Trieste en faveur de l'Italie et à abandonner à la Roumanie les parties qu’elle réclame? Y eût-il été par impossible disposé, comment l'aurait-il pu ? L'explosion de l'affaire Czernin a fait évanouir ces imaginations dont le moindre inconvénient n’était pas de nous détourner de la seule politique réaliste, loyale et susceptible d'aboutir.

«Pour combattre l'Allemagne, on s'est enfin résolu à faire appel sans ambages aux éléments anti-allemands. Aux Tchèques, aux Tchéco-Slovaques qui réclament l’accès à une vie nationale et libre, l'Entente s'est décidée à répondre publiquement qu’elle faisait siennes leurs revendications. De même pour la Pologne. Ainsi s’éclairent et se coordonnent les conditions de paix acceptables par l'Entente. Elles s'opposent par une suite naturelle et logique aux dessins ennemis.

«Six mots résument les conditions de paix acceptables par l’Entente : «Il faul détruire le militarisme prussien ».

« Que ce soit jusqu’à la fin de la guerre notre unique pensée, notre immuable mot d'ordre |

« Rendre l’Alsace-Lorraine à la France ; réunir à l'Italie les terres irrédentes, à la Roumanie ses fils gémissant sous la domination hongroise ; appeler à l’indépendanceles Tchèques, les Tchéco-Sloyvaques ; restaurer, avec les réparations qui lui sont dues, la glorieuse et infortunée Belgique ; relever la Serbie ; reconstituer la Pologne écartelée entre la Russie, l'Autriche et la Prusse, qu'est-ce donc sinon détruire le militarisme prussien ? »

Un oubli regrettable nous empêche cependant d'applaudir des deux mains à cet article de M. Millerand, oubli involontaire, il faut l’espérer. Comment peut-on parler

de l’affranchissement des peuples d’Autri-

che-Hongrie, et oublier les Yougoslaves ? D'autre part les Tchèques et les Polonais ne pourront obtenir une véritable indépen-

dance qu’à la condition d’une liquidation totale de l’Autriche-Hongrie ce qui suppose la délivrance des Yougoslavés et leur union avec la Serbie dans un Etat yougoslave in. dépendant. Au moment ou les représen. tants attitrés des Yougoslaves, Polonais et Tchéco-Slovaques proclamaient à Liu-

“bjana leur solidarité et l’indissolubilité de

leurs questions nationales, les paroles peu claires de M. Millerand ne manqueront pag de provoquer une certaine déception. Il est à souhaiter que l’'éminent homme politique français ne tarde pas à compléter sa pen. sée si juste et si persuasive précisément par rapport au problème d’Autriche-Hongrie, et à rendre aux Yougoslaves ce qui leur est dû.

ne

La Belgique et la Serbie

Le grand journal d’'Amsterdain, l « Echo Belge » ayant évoqué dans son numéro du 10 juillet l'œuvre de M. Léon Savadjian, afin de démontrer le caractère monstrueux de la politique bulgare, notre éminent collaborateur vient de lui adresser une lettre dont voici les passages prinCipaux :

« Vous avez bien voulu évoquer dans volre numéro du 10 juillet mon œuvre et ma pensée relatives au véritable caracère de la participalion bulgare dans Ja guérre actuelle, L'hommage que vous me rendez m'est doublement plus cher, votre Journal étant le défenseur ardent dune cause si grande el si juste qu'est là cause belge, Je suis confus, Monsieur, pour ma personne, mais fier pour mon œuvre qui cherche à dessiner les grands principes de droil et de justice sur lesquels doit être basée la paix des Balkans. ' ..« La Belgique et la Serbie ont un sort identique, Ces deux nations de grande âme qui ne demandaient qu'à vivre dans la paix, adonnées à leur juste préoccupation de libre développement économique et culturelle furent attaquées ignominieusement par les Prussiens de Berlin, de Vienne et de Sofia. Après une résistance héroïque, remplie de courage et d’abnégation, foutes deux furent enfin lerrassées, toutes deux subissent aujourd'hui le joug implacable d’un ennemi féroce pour avoir voulu défendre leur honneur ‘et leur indépendance.

« Je connais, Monsieur le Rédacteur, le régime instauré par les Allemands en Belgique occupée, vous connaissez celui dont le peuple serbe est la victime innocente. Si j'ai pris la défense de 1a cause serbe et partant, la cause générale des Alliés, c'est que j'avais le devoir impérieux en {ant qu'homme libre el publiciste impartial, de prendre, pendant la tourmente générale, la défense de la cause du droit et de la justice. La Serbie, comme la Belgique, n'a pas voulu la guerre, En 1914, lorsqu'un ultimatum insolent lui fut adressé par PAutriche, elle alla jusqu'au sacrifice afin d'éviter la guerre qui devait fatalement tourner en conflagralion générale. En 1915, lorsque les Bulgares se rangèrent aux côtés de la Prusse, elle fit ftout son possible pour épargner aux Balkans le spectacle effrayant de la guerre, cédant : à la Bulgarie les lerriloires les plus essentiellement serbes. On ne voulut pas l'entendre, Lies Autrichiens el les Bulgares

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FEUILLETON

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Le régime de la navigation sur le Danube

LE RAPPORT à la Conférence internationale parlementaire du commeree PAR

Drago Yoksimovitch, député serbe

(Suite.

Le règlement régissant le passage du canal et la perception des taxes a été fait par la Hongrie seule, sans aucune participalion ni consentement des autres Etats. La Hongrie s’est réservé le droit de modifier" le règlement le navigation et les tarifs à son propre gré et d'augmenter lés taxes comme bon lui semblerait. D’après ce règlement tout bateau appartenant à n'importe quil Etat était obligé de prendre lle pilote hongrois. Les autorités hongroises à Orchava se réservaient le droit de visite et du contrôle sur les bateaux traversant le canal De cette manière, le secret des opérations commerciales ne pouvait être sauvegardé. Les autorités hongroises pouvaient également dresser des contraventions et prononcer des peines, même contre Îles sujets étrangers; elles accueillaient les plaintes et étaient auoriséest à statuer sur tous les cas de jurisprudence qui se présentaient. IL était même prévu que la fangue hongroise était obligatoire. Quiconque connaît la

mentalité et le chauvinismie hongrois ne sera pas surpris des chicanes et difficultés auxquelles furent en butte les citoyens des autres pays.

‘ I existe, d’après les auteurs roumains#des ordres|isecrets: concernant les bateaux quie les autorités hongroises trouveraient suspects au point de vue politique. Nous autres Serbes nous n'avons aucune raison de mettre en doute les affirmations roumaines à ce sujet, ayant fréquem:ment l’occasion d'en vérifier l'exactitude par nos propres expériences. |

L’Autriche-Hongrie n'a-t-elle pas défendu l'entrée des produits serbes sur son terriloire. sous prétexte d’épikémie chaque fois que l'orientation politique de la Serbie ne lui plaisait pas? ; ;

La Hongrie ne peut invoquer aucune clause des trailés internationaux qui l’autoriserait à imposer à son gré des règlements obligatoires pour les ciloyens des autres pays. Elle a été seulement chargée de prélever provisoirement fes Laxes, mais cel élat provisoire fut abusement! prolongé par elle pendant vingt ans sans qu’elle ait une seule ;Fois saumis à l’Europe les comples qui auraïent permis de régulariser la situation: el sans qu'aucune commission] internationale ait jamais examiné les travaux techniques, exécutés aux Portes de Fer et leur coût.

Le Danube inférieur, qui est sous Padministration de la Commission Européenne, commence à Braïila et va jusqu'à l'embouchure (du fleuve dans la Mer Noire, Il est ouvert à la navigation de tous les bateaux, y compris les bateaux marilimes, aux mêmes condilions, moyennant le payement d'une taxe modérée.

Cependant-le bras danubien de Kilva, étant placé sous la pleine domination de la Russie, est reslé en dehors de la compétence de la Commission Européenne.

L'Autriche s’est appropriée loutes les îles sur le Da-

nube, même celles qui d’après le thalvegue ne pouvaient pas Jui appartenir, . Get élal de choses s'est maintenu jusqu'à la guerre actuelle, aussi longtemps que PAutriche a eu en Russie un concurrent sérieux et que l'Europe occidenatle par sa présence dans la Commission Européenne était en mesure de protéger les intérêts des petits peuples balkaniques. Contre l’égoïsme aulrichüen, qui ne connaît pas de limites. :

Le traité de paix dernièrement signé entre l'Autriche kt la Roumanie démontre d’une manière élquente quel régimé l'Autriche-Hongrie voudrait établir sur le Danube après la guerre, D’après ce traité l'Autriche a conservé tous les droits exclusifs qu’elle s'était auparavant attribué el qui ont été l’objet de nombreuses plaintes e%Ÿ la cause des discordes continuelles dans les Congrès Internationaux: Par dessus le marché elle a acquis de nouvelles con CESSIOUS, les puissances de lEntente sont complètement exclues de la Commission Européenne, La Russie a perdu (ses droits sur le bras de Kilya. L'Autriche et TAN magne se sont abrogé le droit d’avoir sur! le Danube unf flotte de guerre, L'Autriche même avant ce traité Qt bien que ny étant pas autorisé par, aucun. texte inter” national disposait déjà d’une flotte danubienne, Dès 189 elle avait. lancé dans le Danube contrairement aux Con ventions internationales de nombreux monitores qui apPi”