La Serbie

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DE ARE

RÉDACTION et ABMINISTRATION

ê, rue du XXXI Décembre - Genève Téléphone 14416

L'avance victorieuse des troupes alliées sur le front serbe est un nouveau coup à la puis-

sance germanique, non mains vigoureux. que

“celui porté en Picardie par les armées de Foch.

Les divisions serbes sucrmontant des difficultés formidables de terrain et brisant, dans un élan impétueux la résistance des Germano-Bulgares, sont en train de reprendre, jour et nuit, avec l'appui fraternel des Français, des Anglais, des Italiens et des Grecs, le sol sacré de leur patrie, Ce qui rend la victoire serbe encore plus importante, c'est le concours efficace des milliers de volontaires serbo-croates et slavènes d'Autriche-Hongrie, réunis dans une division yougoslave particulière et qui a fait déjà ses preuves à Dobroudja. Elle vient d'ajouter, par ses exploits actuels, de nouveaux lauriers à sa vaillance et à son héroïsme. La solidarité yougoslave s'est ainsi manifestée encore une fois sous la forme la plus concrète et la plus réelle. Un peuple qui verse son sang pour la patrie, possède par ce fait même le meilleur titre à la liberté et à l'indépendance. Au moment où le munistre-président de Serbie conversait à Paris au sujet de la solution concrète de l'union nationale des Serbo-Croates et Slovenes, les victoires dans le.sud de la Serbie sont venues bien à propos pour indiquer le seul chemin possible de la véritable indépendance yougo«lave. Cette indépendance est en train de se fuire avec la Serbie et autour de la Serbie, sur la Base de la déclarationde Corfou.

Nous avons entendu tout récemment les

déclarations catégoriques du sénateur Lodge et

de l’ancien président Roosewelt sur la nécessité absolue de l'affranchissement des peuples d'Autriche-Hongtie et a constitution des Etats nationaux tchèque, polonais et yougoslave. Par une coïncidence fâcheuse la question de la Serbie y est traitée séparément, ce qui peut produire des équivoques et des incertitudes. Il est pourtant à remarquer que Île problème yaugoslave est essentiellement le problème de la Serbie et qu'aucun homme raisonnable ne pourrait songer un seul instant à séparer la Serbie des millions de Serbes, Croates et Slovènes d'Autriche-Hongrie. C'est la Monarchie des Habsbourg qui cherche par un camouflage de la question yougoslave, à donner une solution quelque peu acceptable à ce problème vital des Balkans et de l'Europe centrale, mais les Alliés ne tomberont pas dans l'erreur funeste de considérer notre question nationale d’un point de vue autre que celui anti-autrichien, et c'est à dire le point de vue serbe, Pour coupér court à toutes les équivoques, il est bien temps que Îles Alliés s'expriment sur la déclaration de Corfou et qu'ils précisent dans des termes aussi clairs que possible que l'indépendance des SerboCroates et Slovènes sera réalisée dans un Etat serbo-croate-slovène, érigé sur les princi-

pes. établis par la déclaration de Corfou

et. placé en dehors de. toute combinaison, :

quelque féderaliste qu'ellé soit, de l'Autriche Hongrie. Et ce n'est pas tout. Les Alliés ne doivent plus hésiter dans la question d'envoi des troupes yougoslaves en Serbie. L'Amérique et l'Italie doivent profiter de l'expérience faite ces jours-ci en Serbie du sud et diriger le plus tôt possible tous les Serbo-Croates et Slovènes

disponibles sur le front serbe, parce que c'est,

le.chemin le plus sûr et le plus efficace pour frapper nos ennemis les plus puissants et les plus dangereux, les Austro-Magyars. C'est par la Serbie que passe la route vers la Yougoslavie.

La victoire de Vardar est le symbole de l'union yougoslave. Le châtiment des Bulgares est en bonne voie, et les héros serbes, si pressés

de délivrer la patrie, sont.salués dans le monde.

entier avec une admiration et un respect inexprimables. Mais tout en frappant le complice comme il l'a mérité, il ne faut pas oublier

a Victoire

dans. dass Reuué.. des Diouses Mondes

:sistance à Louvain, Dans la lutte où elle enpit-

serbes seraient. anéantis

leloutishisés dans lés* fabriques

Paraissant toi Rédacteur en chef : Dr Lazare MARCOVIT

D ré on DATES NeE piques rep

à Vardar

l'ennemi principal, celui qui tient sous sa botte le gros de notre nation. La débâcle bulgare n'est que le prélude du dénouement favorable” de notre question nationale. L. M.

P. S: — Les grandes victoires serbes, précurseurs de la renaissance gléneuse d'un peuple héroïque, ont remplis d'une joie sincère tous les amis de la Serbie. Les félicitations et les témoignages de sympathie que nous recevons journellement sont si nombreux et si émouvants, que nous pouvons difficilement trouver les paroles pour remercier tous ces amis chers et devoués, dont l'amitié nous était, aux jours sombres des années précédentes, un éncouragement précieux. Notre foi dans la justice a trouvé chez eux le plus vif appui moral, et l’annonce de la libération progressive de notre patrie est en même temps une récompense meritée de leur confiance dans la justesse de notre cause. Ce n'est pas seulement la force qui a vaincu les Bulgaro-Allemands, mais plutôt ét surtout cette justice imminente dans laquelle: tous les Serbes ont toujours cru et qui règne malgré tout, dans le monde. À tous nos amis alliés et neutres nous exprimons au nom de ces guerriers légendaires du Vardar, notre reconnaissance profonde et éternelle. L. M.

Un Louvain bulgare

xLe 19 août: 1914, écrit Me Etienné, Lamy, : ditahersvefe lembie, les Allemands étaient entrés sans régeail pour le Uroit sa richesse, sa population, son exisience même, la Belgique ne croyail pas risquer scn Université Le 25 août, le feu était mis, par les Allemands, à la bibliothèque; l'incendie détruisit 250.000 volumes, 920 manuscrits, ücrasa sous ce pois de feu l'Universilé elle même el auéantil en lois Jours ‘ce que cinq siècles de croyance et de savoir. avaient élevé, »

La bibliothèqué d'Alexandrie fut brûlée, par l'ordre d'Omar, Celle de Louvain par l'ordre «un. Allemand, Les Bulgares — par l'ordre de qui? on ne sait pas — ont fait encore mieux. ls ont aétruit tous les livres serbes, tous, sans exception. On a recueilli Les bibliothèques pu-. bliques et privées, on a organisé la saisie «ans les coins les plus éloignés et l'on a transiormé ces ‘documents de la. vie intellectuelle serbe en pâle à papier! Nous avons souvent parlé dis mélails bulgares dans la Serbie occupée, et beaucoup de nos lecteurs se demandaient si 195 informations élaient exactes el si nous m'exas gérions pas. Or, nous avons toujours mentionné les. sources «de nos nouvelles et ces sources étaient presque régulièrement la presse bulgare et les décrets oflicicls bulgares. Ainsi, pour la des tuction, des livres. serbes, nous possédons majntenant un ‘document ofliciel. Le gouvernement militaire de læ Serbie occupée par les Bulgares a publié, en, ellel, dans l''Echo de Bulgarie: 20 et 21 août, une note officielle contes un aveu formel et plus que cynique les faiïls dénoncés. Voici ce que le gouvernement militaire bulgare dit textuellement à ce sujet:

«(Quant aux accusations que tous les livres et toute la litiérature serbe aurait disparu, nous ayons À dire ceci: Les livres serbes écrits en langue serbedela Ghoumadia, onmt&lé saisis , de papier,.le papier fabriqué de la sorle ‘ist! employé pour l'impression de livres bulgares. On me pouvait imaginer un meilleur emploi de ouvrages serbes. » 6

«des ani

Parlant de la destruction des livres à Louvain, M, Lamy écrit: « Délruire ces témoignages c'est

crévoquer le don des mots, appauvrir Je patri-

mioine des vivants, prendre à Ceux qui ne sont pas encore. Ce vol de ce qui appartient au passé, À L'avenir, par ceux à qui appartiennent seulement! les. heures. &t les choses passagères, rest comme un, viol de tombe, une profanation el un, sacrilège. C’est pour cela que le crime d'Omar reste maudit. Les siècles écoulés em ont grandi Ja honte À mesure que la guerre allait se civilisant. Brûler les bibliothèques, détruire Les œuvres d'art Gaient. les-scélératesses stupides que Ies combat{ants ne se reconnaissaient plus le droil d'inliger au. genre humain. ‘L'Allemaone seule 4 remonté. Les. âges pour trouver son, exemple dans,

l'Islan. » $

(Quant aux Bulgares, le souvenir d'Omar leur ékail beaucoup plus proche, est pourquoi ils, y-avaient mis, plus de zèle et plus de système:

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| La Bulgarie

JOURNAL POLITIQUE HEBDOMADAIRE

ha, les Lundis. H, professeur à l'Université de Belgrade

DIRE USE ASE DER EEE NPA EE

Les journaux autrichiens ne cachent pas leur dépit de voir les ‘alliés repoussér la noté du Mubn linnian sons méme lui fairebhanneur fe Plepaminer. La presse de Vienne reproche “amèrement à M. Clemenceau la hâte qu'il mil Pa renvoyer la note en y ajoutant pour toule ! réponse un numéro du, « Journal officiel» conLlnant son dernier discours prononcé au Sénat. « La Nouvelle Presse libre » de Vienne ajaute | que c'est là une façon déconcertante contraire : à tous les usages et à toutes les règles observées “jusqu'ici par les chancelleries. Pourtant la hâte de M. Clemenceau n'a rien qui surprenne. + En pleine guerre, M. Clemenceau commettrail Lun crime envers sa patrie s'il s'amusait à lire la quatre vingl dix neuvième note qui lui vient bide la part des Impériaux, el dont la teneur n'est * pas plus sincère que les précédentes. Le comte Ë Burian l'a reconnu du reste lui-même dans sa Lconversation avec M. Th. Wolff du.(Berliner : T'agéblatt ». La dernière note autrichienne respire la même mauvaise for que celle qui fut remise au gouvernement serbe le 23 juillet 1914 ou bien celle remise au Gouvernement français quelques jours plus tard où il fui question des avions français surcolant Nuremberg. … A propos de la nôte du gouvernement austro= ‘hongrois qui fut la caëse directe de la guerre sactuelle, il serait bon de rappeler aux lecteurs l'empressement que montra alors le Ministre d'Autriche-Hongrie, le Baron Giesl de Giesligen à quitter Belgrade après la remise de la note en question. En costume de voyage, ses malles faites, 1l attendait impatiemment la réponse du gôuvernement serbe pour la compa-

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Notre ami et collaborateur, M. Marincovitch, a adressé au # Journal de Genève» la lettre suivante que la rédaction a publiée dans le nu: méro du 28 seplembre :

Monsieur le Rédacteur, . Permellezimoi de répondre à Particle d’un Bulgare, intitulé: « La Paix dans les Balkans », signé À Davidoff et publié dans le « Journal de Genève» du 20 septembre.

L'auteur, personnage d’ailleurs inconnu dans de monde politique bulgare et n'ayant jusqu'ici nulle part exposé ses opinions, prétend faire aux. lecteurs du) « Journal de Genève » un cours d'histoire balkanique où en intervertissant habilement les faits il essaie de représenter la Bulgarie comme une victime de La politique du roi Ferdinand.et des Puissances Centrales.

Ainsi, il espère arriver à faire oublier les véritables victimes de cette politique, de laquelle die peuple bulgare (ne resto pas moins responsable. Il conclut en suggérant aux peuples serbe, grec, roumain el albanais l’idée : d'une Confédération Balkanique dont la Bulgarie ferait éga‘lement partie.

Belle idée, mais d'un Âge. respectable! Elle existait en fail chlez les peuples. balka.niques avant même.que-la. Bulgarie. eûl été créée par la Russie, F y a juste cin> quante ans (1868) que les peuples balka‘niques, Bulgares ccmpris, envisagèrent dans un pacte la formation d’une Confédération Balkanique avec la Serbie en tête, La mort brusque du prince Michel de Serbie, en 1868, ajourma la réalisation de ce projel (1).

Dans cette ligue, la Serbie pe s'élail réservé qu'une hégémonie purement morale, n'ayant d'autre ambition que de libérer tous les peuples balkaniques du joug attoman. à

Ce fut l'erreur de la politique impérialiste de la Russie, qui enfanta le traité miort-né de San Stéfano, néfaste à l'œuvre ‘d'une Confédération Balkanique. Ce traité qui ne reçut jamais de sanction, en créant le projet d'une « grande Bulgarie » pour servir. d'avant-garde à l'impérialisme russe, fit. naître chez les Bulgares des ambitions

(4) Voir «L'Europe et la Jeune Turquie», de René Pinon, Paris, 1911.

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En succès ” Kkolossaal,..! _—— À propos de la note de M. Burian —

| rer avec la teneur de l'ultimaltum autrichien,

afin de s'assurer si lautes les exigences angient

. Aussitôt qu'il s’apercht. 8 lé cas, il prit le trair heure plus tard et partit sans tou el sans vouloir discuter aoec le gouvernement serbe.

Voici maintenant que la note dernière du eomte Burian ne trouve pas plus de grâce auprès des gouvernements alliés que ne le trouvût autrefois la réponse du gouvernement serbe auprès du gouvernement autriehien. M. Clemenceau au lieu de lire la note partit pour le front en renvoyant le chiffon de papier autrichien à son auteur. Quant à M, Wüilson, pour toute réponse il declara que même dans le cas où le gouvernement autrichien aurait accepté les qualorze points de son message, les Etats Unis ne consentiront pas à causer, aeec lui n'ayant aucune confiance dans la parole du gouverner ment autrichien.

Comme rious sommes loin du temps où l'em. pereur de toutes les Russies suppliait Guillame IL d'intervenir auprès de son alliée afin de la décider à aocepter l'arbitrage proposé par la Serbie! Cemme nous sommes loin aussi du temps où à Berlin et à Vienne on ne .craignail qu'une chose: Voir la. Serbie accepter en bloc l'ullimaium autrichien, ce qui aurait ôlé aux Austro Allemands tout prétexle pour accomplir leur agression préméditée. |

Les temps sont bien changés, il n'y a que la mauvaise foi austro-allemande qui ne change pas.

M. D. M.

ne

féération al kanique.

rmrronnnrremee vor antennes

démesurées en suggérant l’idée d'une hégémionie bulgare dans les Balkans. Aussi ce {raité les brouilla-til avec tous leurs voisins, puisqu'il attribuait à la Bulgarie la Dobroudja roumaine, la Serbie orientale, la Macédoine serbe et grecque et la Roumélie orientale où prédominait Télémient ture et. grec. Le. Congrès «de, Berlin. fil échouer ces projets impérialistes. de la Russie créant une Bulgarie plus conforme, aux réalités ethniques. Maïs depuis le traité de San Stefanoet la création de l'Etat bulgare, l'idée de la Confédération Balkanique fut abandonnée pendant une période de quarante ans. Les Bulgares poursuivant loujours le rêve chimérique die San Stefanc, sy opposèrent constamment, Aujourd'hui même M. Davidoff proposant la for: mation d’une Confédération Balkanique, ca: esse encore le rêve de San Stefano; qu'il espère voir un jour se réaliser, Cesrêyé il voudrait le voir aboutir cette fais sous une autre forme et cest pourquoi il se garde bien de préciser le caractère el la forme de la future Confédération. Or des peuples balkaniques ne seront plus dupes des Bulgares, les quarante dernières

années leur ayant appris à.bien les cqu-

naître.

‘Après avoir trois fois trahi la solidarité. balkanique, ies Bulgares voudront maintenant s'en.servir pour leurs fins, M. Dawvidoff prétend rejeter la responsabilité de la faute commise en 1913 sur le roi Ferdinand. Or,

il n'y apas que l'année 1913 qui crée l'abîme entre les Serbes et les Bulgares, il y eut avant l’an 1908, (où la Bulgarie réalisa son indépendance de connivenc£ avec l'Autriche, qui s'empara alors de la, Bosnie el de FHerzégovine. I y eut. aussi. 1915 et surtout tous les crimes. commis depuis dans les pays envahis. (Ge, son surtout ces derniers qui font um: devoir impérieux aux peuples balkaniques d'exiger avant tout arrangement politique, que justice soit rendue contre les coupables. Après un duel on..se, réconcilie avec, l'adversaire et on lui tend. la main, après, le crime cest impossible. Ge avest pas la, vengeance. qu'on réclame, c’est la. justice.

M. D. MARINCOVEECH. |