La Serbie
LA SERBIE
Œ
La lutte des Serbes, Croates et Slovènes en Autriche-Hongrie
Les Serbes de Voïvodina | et l’union nationale
Pourquoi la Voïvodina garde-t-elle le silence ?
Le « Glas Slovenaca, Hrvata i Srba » de Zagreb publie dans son numéro du 12 août la lettre suivante d'un Serbe de Hongrie: « Plus le mouvement yougoslave s'étend et se renforce, plus nombreuses s'élèvent danis notre presse des voix qui demandent: Que font les Serbes dans la Hongrie du Sud?
Notre silence ne peul surprendre que ceux qui ne savent rien de notre siluation, Nous ne pouvons pas aujourd’hui dire ce que nous pensons; nous n'avons ni journaux, ni livres, ni brochures, Nos jeu-
nes gens sont depuis longtemps aux armées
et nos vieillards viennent à peine de sortir "de prison, Nos littérateurs et nos hommes politiques sont obligés de se taire sous peine d’être incarcérés. Seuls peuvent parler ceux qui sont à l'abri des griffes de la police magyare,
Du reste, le monde entier mest-il pas ‘renseigné depuis longtemps déjà sur nos
vœux et sur nos revendications? IL n’y a qu'à feuilleter nos journaux d'avant la guerre pour y trouver, exposées, dans leurs grandes lignes, les deux bases fondamentales de notre politique: l'idée de lunité nationale et le principe de l'union nationale, Chaque fois que nous l'avons pu, nous en avons fait la profession publique; aujourd’hui nous les porlons en nous, en les cachant, mais avec d'autant de fermeté de sincérité et d’honnélelé que ceux qui peuvent parler et dont on peut entendre la parole,
L'idée de l'union nationale est en éveil non seulement chez les chefs politiques, mais aussi dans le peuple entier, Et cela, nas amis et nos ennemis le savent bien, »
L'union avec la Serbie et le Monténégro
— Discours du député Rybar au Reichsrat —
L’«Edinost» de Trieste publie ër extenso dans son numéro du 13 oclobre le discours prononcé à la séance du Reichisrat (du 8 octobre par le député slovène ; Rybar.
Nous .en publions ici. quelques. passages essentiels : ‘
«Le moment est venu de liquider la vieille Autriche, et peut-être quelque chose de plus, Dans ce pays tout a été mensonge! et tromperie... La majorité des peuples mavaient aucun enthousiasme pour la guerre, et il eût été miraculeux que les peuples Islaves, 1en premier lieu notre peuple yougoslave, aïüllent à la guerre avec enthousiasme, Représéntez-vous seulement, je vous prie, la situation telle qu’elle étail au moment où la guerre a éclaté, La guerre européenne a suivi la guerre balkanique, dont le but était la destruction de la Turquie, La Serbie et le Monténégro n'étaient pas seuls à se réjouir de régler enfin leur compte avec leur vieil ennemi, la Turquie: nous aussi, Yougoslaves de la Monarchie, non seulement nous sympathisions avec les peuples balkaniquels qui luttaiïent pour leur liberté, mais nous étions enthousiasmés pour ce combat sans répit de notre race contre la Turquie, Et voilà maintenant qu’un décret nious dit de nous battre contre les Serbes et Îles Monténégrins, contre inos propres frères nationaux, en nous plaçant aux côtés de ceux que Tous souhaitions de tous nos vœux voir disparaîtra de l’Europe.
IL a fallu les derniers évériements militaires pour obliger le gouvernement à venié à nous avec je ne sais quelles pro messes d'autonomie, ete, et quand, la situation sur le front saggravait de plus en plus, on est venu nous apporter l'offre d'un Etat libre dans le cadre de La Monarchie. Qu'il me soit permis de dire en peu de mois que l'espoir de voir la nation yougoslave 15e contenter d’une telle offre est une pure illusion. (Approbation) IL n'y à pas aujourdhui un seul Yougoslave conscient, qu’il soit Slovène, Croate où Serbe, qu'une telle solution puisse satisfaire, (Très bien!) Si l'on a l'intention de faire quelque chose de pareil et si l’on espère produire ain'sl une impression à l'étranger, on 5e trompe lourdement. |
Nous n'avons aucune confiance en vous. car ce que vous nous promeltez quand vos ‘affaires vont mal, vous le reprenez lorsque la situation change sur le front, »
L'orateur parle de l'histoire de l’Autriche et ensuite de la déclaration de mai du, Club Yougoslave, D
« Maïs comment l’a-t-on accueillie, la déclaration de mai? On a commencé par ne pas nous prendre au sérieux, par ne VOIE dans tout cela que des phrases, qu'un drapeau pour lequel nous continuions à cambattre sans être bien résolus à PETsister ‘dans nos revendications. PIuS tard, quand on s’est rendu compte de l’una-
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gnification éthique particulière pour
‘nimité de la nation dans €e mouvement pour l'union des peuples slaves, quand on à compris l'importance de cette demande d'union et d'indépendance d'Etat, réclamée par notre nation entière. depuis la Carinthie au nord jusqu’au Vardar au sud, on nous. a considérés comme traîtres et railés en conséquence, »
Le comte- Andrassy et la question yougoslave
Le «Hrvatska Rijec» du 14 octobre donne Ia caractéristique suivante du comie Andrassy :
« L'un des politiciens magyars les plus réactionnaires, qui s'est le plus absolument identifié avec la politique de guerre des puissances centrales, depuis lt renñise du fatal ultimatum à la Serbie jusqu'aujourd'hui, celui qui a le plus énergiquement prêché l'alliance complète entre la Monarchie et l'Allemagne, et qui a même accepté d'idée allemande de la Mitteleurapa politiquement el économiquement u nifiée, Nous particulièrement, nous devons “appeler à lapinion publique que c'est 1e oamte Andrassy qui a déclaré au Parlement hiangrois. au moment où il croyait que Budapest ferait la loi à toute l'Europe, que la question yougoslave doit êlre résalue par le fer et par le feu. Si Ies Magyars supposent qu'un délégué pareil jouira de quelque crédit à la Conférence inbernationale, c’est une illusion de plus à ajouter à la série de leurs illusions incurables, Rien ne montre mieux à quel point invraisemblable ils sont encore aveuglés que les affirmations de leur presse, d’après lesquelles le comte Andrassy montrera et prouvera à Wilson et aux aulres hommes d'Etat du monde que les peuples non-magyars jouissent déjà en Hongrie de la liberté et des droits revendiqués par Witson .dans &es messages bien connus all Congrès américain ? |
Les Magyars sont tellement en retard sur l'esprit de notre époque, qu'ils, considèrent encore et toujours la question yougoslave comme une question intérieure € lacalement hongroise, Il est heureux cependant qu'ils n’aient plus aujourd'hui la
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force (et la puissance nécessaires pour fmpo-
aux facteurs compétents de notre poli-
tique, » Un tableau de la Hongrie
Le «Jug» du 17 octobre vient de dépeindre d’une façon impressive les qualités prépondérantes de la Hongrie actuelle: « On sait déjà chez nous que la Hongrie est le coin le plus réactonnaire de l'Europe, La Hongrie est un globe terrestre à part, el les gens y vivent sans doute dans une atmosphère tout autre que celle du reste du monde, C’est pour cela que chez eux les mêmes mots n'ont pas le” même sens! Et leur démocratie est unique au monde, Leurs « radicaux » eux-mêmes (qu'on ‘appelle des fauteuils : ministériels «les bolchéviks ») ne sont eux aussi que des radicaux magyars, C’est ainsi qu'avanthier le parti magyar. radical démacrate (joli titre!) a adopté une résolution üù äl est question (une fois de plus) de permettre une juste participalion des nationalités dans la vie politique de la Hongrie, mais où le parti maintient — lui qui est l'élément le plus démocratique et le plus radical — le postulat qu'il ne Soit pas touché à l'unité de l'existence millénaire de l'Etat. De même que le terme «Col ronne de Saint-Etienne » a une signification mystique particulière dans la terminlogie politique magyare, de même « l'existence millénaire de JEtat magyar » a une St le publid magyar. L'Etat hongrois n’élant en réalité — dans son unité actuelle — que le produil du. compromis de 1867. a donc sensiblement moins de mille ans, ce qui n'empêche pas les éléments radicaux démocrates. magÿyars eux-mêmes de vivre sans pouvoir sû Se parer de la puissance magique d'un produit fécdal qu'ils présentent au monde mioderne sous l'aspect d'un «Etat millénaire unique ». Ce n’est pas Le seul miensonge historique par lequel les Magyars cherchent à tromper la conscience du monde et à justifier le maintien de Ja terreur qu'ils exercent depuis cinquante ans sur les nationalités qui représentent d’après les statistiques officielles magyares 49 0% de la population — de la Hongrie, et brûlent d’impatience de vol disparaître cette force « éthique » qui les tient dans un ensemble unitaire et qui apparaît au mionde entier comme une hache où comme un, glaive perpétuetlemient menaçant, Toute la société magyare est sans valeur pour la démocratie d'aujourd'hui: ni Karolyi, ni Jaszi, ni la franc-maçonnerie, personne chez eux n’est vraiment démorcrate, Il y en a qui croient être des d$miorcrates, mais dès qu'ils se mettent à par-
ser.-une-telle-conception--de-notre-question-"
ler, leurs premiers mois sont « Etal unitaire millénaire »: un mensonge historique et une impossibilité ethnique! Sans aucun doute, dans l’ensemble actuel des Puis-
-sances Centrales, la Hongrie reste encore:
même sous le manteau brillant de la démocralie radicale, la dernière forteresse où 8e maintient la fécdalité,
Il n'y a dès lors’ pas lieu de s’élonner s'ils résistent aujourd'hui le plus énergiquement aux idées de Wilson, IL est vrai qu’ils acceptent « en principe » es 14 points — parce qu'il le faut bien — mais ils les interprètent.… à la magyarel! Le « Pester Licyd », organe officieux du gouvernement magyar, a sculfleté Wilson en écartant PEtat yougoslave indépendant souis prétexte que: la création de cet Elat est contraire aux principes de Wilson, El ces gens pensent, en écrivant ainsi, obtenir une paix à bon marché!
Le « Pester Lloyd » refuse comme Sans valeur l'accès à la mer que les Yaugoslaves offrent à la future Hongrie et qui serait garanti par les traités, el il déclare textuellement:
«Nous sommes sans doute d'accord avec Wilson sur ce point et nous le prenons au mot: « Notre accès à la mer doil être gâranti libre et sûr, Et il ne peul l'être que s’il mène à travers le domaine propre de l'Etat (magyar). La solution de la question yougoslave n’est donc possible que dans l'intérieur de l'Etat de SaintÉtienne, Toute autre solution est contraire aux idées du président Wilson et sera sûrement repoussée, non seulement par les Magyars, mais aussi par Wilson, »
Le « Jug » termine en rejetant toute idée d’une liaison quelconque avec la Hongrie:
« Naturellement, nous mavons aucune raison de lier notre sort au cadavre poli tique qui à trop longlemps empoisonné l'air nécessaire à notre vie nationale, L'Etat magyar actuel m'est plus qu'une chose, qui peut-être conserve quelque prix pendant un temps encore, IL nous faut prendre garde à ce que notre Corps sain ne Oil pas éntoxiqué par le contact du corps en décomposilion du malade millénaire qui trouvera finalement la paix éternelle, »
ne
…ÿéclaration des Serbes et Cronfes de la Hongrie du sud
Le «Jug» d’Ossiek du 20 wclobre publie la « Résolution des Serbes et Croates de la Hongrie du sud» prise le 2 octobre 1918 à la réunion des délégués.
1. Au moment de la transformation de la mianarchie austro-hongroise, tandis que toute facilité est donné aux peuples de l'Autriche et à la race dominante hongroise d'exprimer leur point de vue politique, les Serbes et Croates (Bunievei et Chokci) de la Hongrie du Sud, qui ‘n'ont aucun député à eux au parlement hongrois, sont mis dans l’impossibilité de faire connaître soit dans des assemblées soit par leurs lorganes publics, leur opinion dans les questions touchant la libre disposition des peuples, En effet, le gouvernement hongrois a suspendu la liberté de réunion et la liberté de la presse et elle punit pour .délit d’excitation et de haute trahison en vertu des $$ 171-178 de l’article Virde Ja loi de 1878, lous ceux qui essayeraient, conformément au point de vue général de la nation, de se déclarer publiquement dans Ja question de la libre disposition nationale, X
2 En considération des circonstances, les Serbes et Croates indépendants de la Hongrie du sud ont décidé, en vue de fixer leur point de vue politique général, la convocalion d’une assemblée de délégués, par la voix de laquelle ils déclarent à l'unanimité qu’ils considèrent la conférence de la paix comme seule compétence pour résoudre la question yougoslave en ce qui concerne la Batchka, le Banat et la Barania, parties intégrantes de l'Etat libre commun de tous les Yougoslaves. (Souligné dans l'original.)
8. I1s désavouent toute démarche politique qui serait tentée, en dehors du point de vue exposé plus haut, dans la question yougoslave en relalions avec la Batchka, Banat et Barania, car ce point de vue répond seul à la conception politique générale de tous les Serbes et Croates dans la Hongrie du sud, i
Déclaration des Musulmans de Hosnle
Tous les. journaux yougoslaves publient la déclaration suivante des Musulmans de Bosnie,
«Nous déclarons par la présente être d'accord avec les principes de la résolution de Zagreb de mars 1918 qui affirme le principe de la ‘libre disposition nationale et de lunion de notre natibn
Lundi 4 Novembre 1918 — No 4
entière des Serbes, Croates et Slovènes en un Etat national indépendant, élevé sur les bases démocratiques. En nous Conformant à ces principes fondamentaux, nous désavouons toute participation à la vie publique et toute déclaration faile par un particulier (où par ‘un groupement sans l’assentiment préalable du Conseil National des Serbes, Croales et Slovènes,
Signé: Dr Halidbeg Hrasnica, Dr Mehmed Spaho, Zija Risaefenditch, Dr Mehmedbeg Zetchevitch, Dr Mustafa Denislitch, Hüfsi Muftitch. »
Nouvelles de Serbie
Les-mensonges bulgares
Le radiogramme bulgare du %3 courant communique un article du Preporetz concernant le retour des Bulgares de Macé. doine et de la Morava à leurs foyers, eequi… |! en vérité veut dire le retour des Serbes de l'esclavage en Serbie libérée. Dans leur cynisme incroyable, les Bulgares prétendent que ces gens ont fui leur pays en 1913 à cause du terrorisme serbe et qu’ils reviennent maintenant chez eux où ils seront sous la protection des Français et Anglais. Ils n'oublient qu’une chose, c’est qu'une commission internationale est en train d’être constituée et qu’elle aura l’occasion de comparer les affirmations bulgares avec l’état de choses réel et apporter le jugement définitif sur la Bulgarie. Protestant de toute son indignation contre les mensonges perfides bulgares, le gouvernement serbe attire l'attention de l'opinion
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Encore des atrocités bulgares!
publique mondiale sur les rapports prochains de la Commission Internationale,
D'après les rapports des personnes qui | ont rendu visite aux camps des prisonniers serbes en Bulgarie, l'état de ceux-ci est misérable. Les prisonniers serbes se trouvent depuis trois ans sans aucun abri, bien qu’il y en eût parmi eux bien des malades. Les camps des prisonniers serbes n'ont point reçu de visite médicale et ont manqué des médicaments les plus élémentaires. Ées morts et les mourants étaient couCHés les uns à côté des autres. Le publiciste anglais Price, qui avait parmi d’autres vi- | sité les camps serbes en Bulgarie, affirme d’avoir vu que la même voiture qui emportait des prisonniers morts de maladies contagieuses, s’en revenait au bout d’une demiheure portant du pain, qui avait été distribué aux prisonniers. La nourriture consistait exclusivement en pain, en quantité insuffisante.
En plus de toutes ces tortures, auxquelles les prisonniers serbes avaient été exposés, on les massacre au moment où ils retournent à leurs pays. Le 8 octobre sont arrivés, en effet, à Vlassotincè 950 soldats venant de Bulgarie et qui racontent que les soldats et les paysans bulgares ont tué 8 de leurs camarades dans le village Miloslavo près Trne. J
(Communiqués du bureau de la presse serbe à Corfou)
Un témoignage sur le martyre des prisonniers serbes en Bulgarie,
UT
Le correspondant particulier du « Times » à Sofia; télégraphie à son journal (no du 23 octobre):
Les prisonniers français et anglais n’avaient pas souffert tellement de mauvais traitements, mais c'était bien différent avec les Serbes. Les soldats de nos vaillant alliés-des Balkans qui sont tombés entre les mains de leurs ennemis impitoyables, les Bulgares, ont éLé continuellement maltraités de la façon la plus perfide.Sur près de 50,000, il ny en a que 20.000 qui ont pu survivre à ce traitement brutal pen: dant ces trois ans, Des officiers britanntr ques ont vu, de leurs propres yeux, conr ment les Serbes furent batluis et même souvent fusillés sans excuse, Un de n0$ prisonniers libérés dit: |
Les pauvres diables ont été battus jus qu'à ce que mort s'ensuive ou tués d’un facon dont aucun pays civilisé ne pe
mettrait que lon traite les chiens. Les Serbes ont élé fusillés sur le champ, pouf
soi-disant lenteur en obéissance, jusqu'à il y a peu de jours. L'autre soir l’un, d'eux a été tué dans sa tente par unt sentinelle bulgare, à quelques mètres de nos Jignés Nous avons iout entendu.
Comme habitations, on les laissait COU” cher dans la boue, et quand ils s’abattaien sous les mauvais traitements, on les Jais” sait mourir, sans faire la moindre © choses pour diminuer leurs souffrances.