La Serbie
matérielles et morales dans une lutte qui se ferait à ses dépens et aux dépens de ceux qui ne voudraient pas reconnaître ses droits nationaux et sacrés, lutte qui rendrait instables les chances de paix et de vie meilleure.
On commence, en Europe et dans le monde, à nous faire le reproche que nos revendications nationales sont exagérées, que nous cherchons à annexer des éléments étrangers. Ces reproches sont, -dans notre conviction, aussi injustifiés qu'injustes, et nous sommes prêts à y répondre immédiatement. Îl existe des éléments étrangers sur les périphéries de notre territoire national, ainsi que sur les périphéries territoriales de tous les autres peuples. C'est, du reste, une chose tout à fait naturelle, et l'on ignore pas, par exemple, que les contours du territoire italien limitrophes à notre Etat, sont peuplés de quelques dizaines de milliers de nos compatriotes ; de même, dans les régions limitrophes entre la Grèce et la Serbie, il.y a.des-élémentsiserbes,.au.delà.de nos frontières, et des éléments grecs, en deçà. Mais un fait important et caractéristique est que les éléments étrangers habitant la périphérie de notre territoire national, au nord-est et au nord-ouest d'un côté et au sud-est de l'autre, n'y sont pas le processus de l'expansion naturelle, Au contraire, ce sont les autorités turques, vénitiennes, autrichiennes qui ont colonisé ces régions. A-t-on le droit de nous faire maintenant des reproches si nous réclamons maintenant ces parties de notre territoire national en laissant pleine liberté aux habitants soit de se retirer s'ils ne veulent pas rester avec nous, soit opter librement pour nous, pour l'Italie où pour la Roumanie ? Que pourrait-on faire de plus libéral ou de plus chevaleresque ? Peut-on qualifier cette conduite d'impérialisme ?
En même temps qu'on nous lance de temps à autre ces injustes reproches, l’armée de l'un de nos alliés pénètre, sans soulever aucune réprobation des Alliés, toujours plus profondément en Albanie, jusqu’à nos frontières mêmes. Et pourtant ce sont nos bataillons qui sont arrivés les premiers à Mati et à Scutari et en ont chassé l'ennemi. De même, on laisse tranquillement un autre de nos alliés émettre ses prétentions sur certaines parties du Banat de l'ouest, quoique cette partie du Banat n'ait
amais fait partie de son territoire national, et quoique cet allié compte pärmi sa population un nombre déjà suffisant d'éléments étrangers.
Messieurs les députés, selon notre profonde conviction, nous avions le droit et le devoir d'exposer devant le tribunal de la Paix notre question nationale tout entière. Si nous ne l'avions pas fait, nous eussions commis un crime envers notre peuple et envers la paix future. Nous avons cru de notre devoir de dire franchement toute la vérité à nos alliés et de leur montrer la situation telle qu'elle est. De même, nous sommes fermement décidés à défendre nos droits légitimes, persuadés que nous accomplissons ainsi un devoir sacré envers nous et envers nos alliés, car aucune de nos demandes n'est basée sur les principes du passé ni sur des principes que l'ennemi de la liberté et du progrès humain pourrait un jour
pen
LA SERBIE
Le Corsa, 1e Gradisea
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retourner à son profit pour faire aboutir ses buts et projets. |
Je n'insisterai pas longuement sur les relations délicates et difficiles existant entre l'armée d'occupation italienne et notre population
habitant cette partie de notre royaume. Toute’ cette population appartient à notre plus pure
race et désire vivement faire partie intégrante du royaume des Serbes, Croates et Slovènes,
exception faite de quelques enclaves italien-.
nes insignifiantes et sporadiques. Et pourtant,
c'est l'armée italienne qu'on a chargé de faire
régner la paix et l’ordre dans la région entière
Quant à la conduite des autorités d'occupa-
tion italiennes, je mentionnerai que quelques faits notoires. Après avoir prohibé nos dra-
peaux nationaux, ainsi que notre nouveau pa-. villon d'Etat, elles font hisser partout le pavil-
lon italien : elles forcent les habitants à leur
prêter serment: elles exigent des nouveaux.
fonctionnaires qui veulent entrer dans les ser vices-des-demandes spéciales qui les font con? sidérer commes fonctionnaires italiens: elles font déporter nos notables. Des malentendus, des conflits, des bagarres même, sont les conséquences de cet état de chose anormal, et il vous est facile de vous imaginer, Messieurs, quel effet ont dû produire sur cette partie de notre population ainsi que sur nous, les paroles de l'honorable président du gouvernement italien, quand il a dit que l'Italie ne pouvait pas rester sourde à l’appel de la ville la plus italienne, Riéka (Fiume), vous qui savez aussi bien que moi-même que Riéka, ville croate, non seulement nous appelle, mais aussi nous conjure de la recevoir au plus vite dans notre sein, comme le font toute l'Istrie et toute la région de Goritsa. Le grand nombre d'Italiens de New-York ne pourrait constituer une raison de refuser cette ville aux Etats-Unis, Le territoire et toute la région de Trieste et de Goritsa, ainsi que celle de Riéka sont à nous, de même que toute la région de Batchka et du Banat occidental, auquel appartiennent naturellement Temisvar, Vrsatz et Béla Tzrkva, bien que l'ennemi ait intentionnellement et par la force des autorités, modifié dans ces trois villes, pendant les deux derniers siècles, la proportion des éléments nationaux.
Qu'il me soit permis maintenant, en termi-, nant ce bref discours, de répéter que nousx demandons l'application des principes que nos!
alliés ont mis en avant en les opposant aux théories germaniques de violence. Toutes nos demandes sont basées sur le principe de la liberté et de la libre disposition des peuples et sur celui des nationalités. Si d'autres principes sont valables pour les autres, ils doivent l'être aussi pour nous, d'autant plus que nous n’y feront jamais appel qu’accessoirement, en pre-' nant pour base les principes fondamentaux déjà mentionnés.
Revue des Balkans! 94, Rue lsafayefte - PARIS k 48
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Lundi 28 Avril 91
oL 18 ville de Corsa
Le problème du comté princier de Goritsa et de Gradisca, appellation officielle autrichienne concernant la régon de l'Isonuzo et de ses affluents aïnsi que le Carso goritsien, ne doit pas être confondu avec celui de Trieste et de l'Isirie. /
Une administration mal avisée a arbitraïremient formé ce comté princier de deux pays qui, jusqu’en 1848, possédaient, chacun (ses propres Etats provinciaux. L’une de ces deux régions (Gradisca) nest que la prolongalïon de la plaine de Vénétie. Elle est habitée par une population de race latine (frioulienne). La région des collines et des mionlagnes qui relient le saillant des Alpes au Carso et qui est généralemient connue sous le mom du pays de Gorilsa, est, depuis 1300 ans, habitée par... des. Slovènes:-=rem-re
La réunion de ces deux pays (Gradisca et Goritsa) n’a procuré aucun avantage à leur population, Au contraire, elle a élé la cause de dissension entre les deux nationalités, d'autant plus que la conslilution autrichienne a donmé, au sein de la diète provinciale, la majorité à ‘une infime minorilé de grands propriétaires et de riches bourgeois, plus nombreux dans la plaine italienne que dans! la région mronlagneuse slovène. Les représentan's des classes riches italiennes, où mieux friouliennes, s'efforçaient, grâce à leur influence dans l'administration provinciale, de faire de la ville de Gorilsa, en quelque sorte, le centre de la vie politique &t économiquie de la partie frioulienne de la province, Ces efforts restèrent vains: les conditions géographiques s'y opposaient, et aussitôt que le peuple frioulien, par suite de Pélardissement du droit électoral, pul envoyer ses vrais représentants à la diète de Goritsa et au parlement de Vienne il a poursuivi sans cesse une politique ayant pour but la séparation de la région de Gradisca et de celle de Goritsa.
Economiquement, les deux régions ne se rapprochèrent pas davantage après leur réunion. La région slovène vend son produit principal, qui est le vin, à l'Est. Elle serait ruinée, si elle était réunie à l’Italie, qui produit du vin en abondante. On se rappelle, aujourd'hui entore, 1€S ConSéquences néfasies pour ces régions, ainisi que pour lIstrie et la Dalmatie, résul{ant, avant sa suppression, de la clause du traité commercial italo-autrichien, permettant l'importation à tarif réduit des vins d'Italie ou d'Autriche. D'un autre côté, la masse des habitants de la région slovène est composée de petits propriétaires indépeudants, tandis que la région frioulienne se trouve presque tout entière entre les Mmiaïns de grands propriétaires, vis-à-vis desquels les paysans ne sont que des « colons », Ces colons n’ont aucun droit à la terre, Les nombreux cas de pellagre, existant parmi cette population, sont la meilleure preuve de la différence total entre les condülions économiques de la population de la région frioulienne et celles de la population saine et robuste de la région slovène.
Entre les deux nationalités une frou-
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tière linguistique (ing que nous l'avons déjà exposé plus haut) s'est précisée au
cours des siècles, frontière courant plres-
que parallèlemient à la frontière historique. Les deux côtés sont si exactement séparés qu'il n'y a, sauf quelques exceptions très rares, aucun « commencium » OU « connubium) » enire les deux régions, et que
les gens d’un côté de cette frontière ane:
comprennent ordinairement pas la langue parlée de l’autre côté, Il seraît donc juste de faire de cette ligne la frontière polifiquia entre notre Etat et l'Italie.
La ville de Goritsa se trouve placée dans le pays ainsi attribué à l'Etat des Serbes, Croates et Slovènes. Ce pays cuimprend une population de 174.797 âmes se composant, d’après le dernier recensem'emi
(9,1 %) d'Italiens et de 3500 Allemands.
Placée au centre’ de la dépression du
terrain, existant dans l’anigle formé par confluent de la Sotcha (Isonzo) et de Ia Vipava (Wippach), Goritsa semble avoir été désignée, par la nature elle-même, pour devenir le centre d'une agglomération urbaïne, servant de rendez-vous aux Habitants des vallées que parcourent ces deux fleuves avant leur jonction, La colline de Goritsa, située presque à l'extrémité nord de celte dépression, était faite pour servir d’assise à un château féodal. Telles sont les crconstances qui ont déterminé la naïssance de la ville de Goritsa.
Dans les conditions mormales, chaque ville doit être l'expression fidèle de la région qui l’alimente et dont elle es Le centre économique. Or, la région de Gorilsa, si nous faisons abstraction de fa ville elle-même, est ethniquemient des plus uniformes, car 99% de sa population om déclaré parler la langue slovène, Il ne devrait donc pas y avoir de « question de Goritsa ». Le régime Téodal, qui durail en Autriche jusqu'en 1848, l'absolutismie qui le suivit jusqu'en 1861, est la constitution autrichienne, tout autre que démibcralique, réussirent cependant à créer, au milieu d'une population entièrement Blo-
vèue, un noyau d'abord allemand et plus:
tard italien.
TES "SIONONES ont pecupé la région de |
l'Isonzo et de ses affluents aw Vile siècle, lorsque les Lomibards l’abandonnèreni pour établir en Italie. [ls donnèrent aussi le nom: à la petite localité qui, plus Farü. en se développant, est devenue Goritsa. Gorica (prononcez Gorilsa) signifie, em stovène, une pelite montagnk ou colline. L’origine slovène de Goritsa est aussi confirmée par l'acte de donation du 28 avril 1001. par lequel l’empereur Otto III a donné à l'Eglise d'Aquilée et à son patriarche Joannes IV, medietatem unius ville quæ Sclavorum lingua vocatur Goritsa. (La moitié de la localité qui en ‘langue slave s'appelle Gorilsa.)
Les seigneurs féodaux qui choïsirent la colline de Gorilsa comme siège de teur autorité, donnèrent rapidement une empreinte allemande à la ville naissante, Jusqu'au XVIIe tfècle, la langue allemantié y dominait aussi bien dans l'administration
—(88:1-00)--— Slovènes.- de 16.000
== FEUILLETON = ———_—_————
RÉSUMÉ des opérations de la bataille du Vardar (Septembre 1918)
(Suite) \
ire armée. — La droite de la division de la Morava a forcé le aclilé au nord de Drenovo et coupé compièlement les communicalions de l'ennemi avec Gradsko, l'ennemi a été surpris par sa progression rapide, puisque, au dire des prisonniers, il devait 52 regrouper à Drenovo. Devant la bataillon de gauche de l'aile droite, Nennemi ne s'est retiré qu'après avoir lancé sans succès des contre-altaques. |
Les éléments ennemis surpris et pris sous un feu violent d'artüllerie sont repoussés vers Prilep dans le plus grand désordre Les éléments avancés du bataillon de gauche passent à Faris, au nord de la grando route, de sorte qu'ici aussi la communicalion da l'ennemi 5e trouve entièrement coupée. ;
Ensuite, la division continue à progresser dans la direction assignée pour atleindre da Vardar de Gradsko, au nord, jusqu'à la Babouna. Elle a capturé dans la journée 7 canons, 12 caiïssons, 44 voitures à chevaux, 6 cuisines roulantes, 30 chevaux, 20 bœufs, 2 dépôts de vivres et une grande quantité d'armes, de imunilions el d'autre matériel.
La aroite de la division du Danube continue jusquà 7 h. 25 à progresser au nord de Trojaci; sa gauche progresse aussi après la prise du Beli-Kamen. A midi, deux balaillons de la gauche ont gravi la Badimas, landis que les avant-gardes et des patrouilles d'officiers sont parties en direction de Pletvar. A gauche, {a liaison n'a pas été élablie avec les unités françaises et italiennes. A midi, l'escadron divisionnaire arrive à Pletvar d'où il
rend compte que l'ennemi se relire sur le Prisal. Pletvar est incendié. .
Les prisonniers déclarent que le général Roussev, commandant la 2me division bulgare, n 66 relevé de ses fonctions le 18 septembre et remplacé par le général Nikolov.
La division du Danube passe en réserve d'armée et se rassemble à Belavodica. La gauche caplure ici un ‘obusier de 105, un de 120 et deux canons de 105 et de 75 mimi en parhit État. En outre, deux automobiles et beaucoup de maitériel de toute nalure. Le 7e régiment a raçu la mission ide prendre Vorila. H si installe à 22h. 35 et à 3 h.; à 1 h. il lient le Kistac; là, IL laisse sur la ligne KrstacVorila un ‘balaïllon, tandis que le gros marche sur Nikodim pour coopérer à l'attaque de la division de la Drina et nettoyer son jlanc gauche.
Cette dernière division est passée dans la matinée en première ligne. Son escadron divisionnaire rencontre à 8 h. 40 des arrière-gardes ennemies au sud (de Raklje; une compagnie ennemie e! une mitrailleuse tiennent Ja hauteur à l'est; à 12 h, 30, ces éléments sont chassés et se retirent sur Popadija. Les détache: mens qui occupaient l pente orentale du Vorilo sont bbligés de se retirer devant notre artillerie sur le Greben. La poursuife continue sans arrêt et nos éléments avancés se rapprochent de Popauija, tandis que le gros pousse Sa poinie jusqu'à Raklje. Suivant Les informations recueillies des habitants, les troupes ennemius se sont meltées la veille dans la journée ct «ans [la nuit par Nikodim sur le Preslap. L'importance des effectifs n'a pu être évaluée, car elles refluaient par groupes isolés. L’ennemi a passé La nuil sur la ligne VoriloiNikodim et à l'est \le re
Le dépôt de
village.
Troupes alliées. — La liaison avec la 1ime D. TI. C. n'a él rétablie que dans l'après-midi, au nord dé la route Prilep-Gradsko. Plus à l’oucst, les troupes franco-italienmes ont alteïnt la route Krucevo-Prilep, cependant que l'ennemi tenait loujours la cote 1248 et le Péristéri près de Monastir. A droite des armées serbes, les forces helléniüquies ‘ont .nettoyé la rive diroëta du Vardar et se trouvent à Hudovo. Les Anglais sont sur la ligne GroisteCerniste. ,
La retraite de l'ennemi devant l'armée serbe se poursuié fout jours, malgré les renforts qu’il reçoit. Dans la journée du 23 sep lembre, on a identifié sur le front de la division de la Mornavu, de 375e régiment allemand et des fractions du ler régiment bulgare. Un gendarme bulgare capturé à Popadija affirme que KE 73e régiment bulgare se trouve en. ligne au nord de Piopadija.
Pour montrer comment les Bulgares anmonçaient et expliq leur. retraite, il est intéressant de citer ‘un le leurs comm niqués officiels relatant les opérations que nous venons de passer em TEvué: ‘ :
« À l'ouest du lac d'Ochrida et près de la Cervena Stena, forte
action de l'artillerie ennemie. Sur le Péristéri et am nord de
Monastir, des délachements d'assaut ennemis ont été dispersés de près. Nous avons fait des prisonniers grecs et français. À
l'ouest “de la Cerna, nos bataillons ont eu à soutenir de ds combaïs contre d'importantes forces ennelmies sur les hamtews au sud ed Trojaci et de Drenovo.
« Par suite du fléchissement de motre front de combat dans l'angle formé par le Vardar et la Cerna, nous avons retiré m5 troupes voisines de ce front sur les nouvelles positions mu eufl de Prilep el au nord de Doiran. »
24 septembre 1918.
La journée du 24 septembre est marquée par les évémenemts, suivants :
La division du Timok poursuit son attaque contre lo front ennemi Beli-Kamen (cote 750)Beli-Kamen (cote 1170) cote 900. A la droite nos délachemqents se sont portés à proximité des tranchées de la cote 750, où l'ennemi résiste avec beaucoup démcit gie appuyé par l'artillerie el recevant même ides renforts Eh fin de journée. L'atlaque continue touta la ‘journée, mais la xhvision ne peui Femparer de la pente nordeest des cotes 1170 et 750 de la chaîne du Gradac. Par ailleurs, elle a occupé Îa partie sud-ouest de la première et toute la cote 900 où nos froatpes
passent la nuil. Cette cote n'entrait pas dans la zone d'attaque | 4
de nos armeés; cependant, alle a été attaquée dans Finientiofl
PS RTE te LS DE