La terreur à Paris

LES MAITRES DE PARIS 31

figure accompagnait parfaitement ce costume bizarre ‘.

Il prend la main de la dame, là conduit dans un salon très frais, meublé en damas bleu et blanc, décoré de rideaux de soie élégamment relevés en draperies, d'un lustre brillant et de superbes vases de porcelaine remplis

« Cette laideur n’a pas empêché Dorat-Cubières, celui-là même qui avait célébré le

Temps heureux où régnaient Louis et la Pompadour! e ,

de se déclarer l'admirateur de la beauté de Marat :

Quel feu dans ses regards! Quelle héroïque audace ! Quel mélange étonnant d'énergie et de grâce!

Et l'encenseur de Marat disait encore :

Vous l’appelez cruel... Ah ! modérés perfides!

Vous seuls fütes de sang et de carnage avides, Vous seuls fütes cruels, quand, feignant la douceur, Pour enfoncer le fer avec plus de noirceur,

Vous avez d'un Buzot accepté les maximes,

Et du tyran francais pardonné tous les crimes.

Ce tyran, dont il demandait à cors et à cris la tête, c'était, on l'a compris, Louis XVI Cest que Cubières, l'ex-amant de la belle comtesse Fanny de Beauharnais, l’ex-écuyer de la comtesse d'Artois, avait beaucoup à se faire pardonner. Aussi ne s'épargne-t-il nulle vilaine besogne. Pour lui, Marie-Antoinette est un monstre dont

la fureur Médite des complots dignes d'une Euménide.

*

Secrétaire de la Commune, il signe au nom de la liberté l'ordre d'arrestation de M"* Roland, qui le cloue en ces termes au pilori de ses Mémoires : « Plat courtisan, faux complimenteur, sottement avantageux et bassement poli, il étonne le bon sens et déplaît à la raison, plus qu'aucun être que j'aie jamais rencontré... » « Cubières, écrit-elle encore, prêche le sans-culottisme comme il chantait les Grâces, fait des vers à Marat comme il en faisait à Iris, et, sanguinaire sans fureur comme il fut apparemment amoureux sans tendresse, il se prosterne humblement devant l’idole