La vente des biens nationaux pendant la Révolution française : étude législative, économique et sociale : ouvrage accompagné de deux plans

ET LES VENTES DE CRÉANCES 271

son de 3 mille livres par 20 sols, les 34 livres 17 sols que ladite expédition aurait coûtés en numéraire ». Voilà un renseignement incidemment donné, et qui nous fait connaître le cours officiel des assignats en floréal an IV ; 3.000 livres de cette monnaie ne valaient en espèces métalliques que une livre! À aucune époque la loi de concordance du 5 messidor an V, que dans tout notre travail nous avons prise pour base de nos calculs, n’a dénoncé une pareille dépréciation. L'Etat et Mme Tallien n'ont donc eu à se partager, sur les 526.945 livres, que 236.395 livres en assignats1; et puisque l’assignat valait alors aussi peu, n’est-on pas en droit de conclure que de cette vente et de toutes celles du même temps l'Etat ne dut retirer qu’un minime profit?

L'an [V fut particulièrement fertile en ventes de mobiliers de même nature. Le mobilier de « l’émigrée Ve Sennecterre » (sic), rue de l'Université, n° 905, section de la fontaine de Grenelle, fut vendu 255.609 livres ; celui de l’émigré Seignelay, 396.931; celui de l’émigrée Boisgelin, rue du Doyenné, 1 million 246.940 livres; celui de l’é. migré Salm-Salm, rue de Grenelle n° 334, 2 millions 729.614 livres?. À la vente de ce dernier

1. Archives de la Seine, Domaines, Ventes de meubles d’émigrés,

787. 2. Archives de la Seine, Domaines, Ventes de meubles d'émigrés,

799, 788, 785, 790.