La vente des biens nationaux pendant la Révolution française : étude législative, économique et sociale : ouvrage accompagné de deux plans

Jusqu'à une époque non ancienne, on admettait sans controverse que c’étaient les ventes nationales qui avaient créé la petite culture, lorsque, vers 1859, une voix s’éleva pour contredire l’idée universellement acceptée. A cemoment, en effet, Tocqueville, s'appuyant sur le témoignage de Turgot et de Necker, et sur les doléances des sociétés d’agriculture qui, plus de 20 années avant eux, déploraient déjà « que le sol fût morcelé outre mesure », affirma que la division de la propriété foncière n'avait pas été produite par la Révolution, et qu’elle datait d’une époque antérieure à elle. La Révolution, disait-il, a, ilest vrai, vendu toutes les terres du clergé et une grande partie de celles de la noblesse, mais, si l’on veut consulter les procèsverbaux mêmes de ces ventes, on verra que la plupart des terres ont été achetées par des gens qui en possédaient déjà d’autres 1,

D’après l’un de ses continuateurs, Léonce de

1. L’Ancien régime et la Révolution, pp. 35 et suiv.