La vente des biens nationaux pendant la Révolution française : étude législative, économique et sociale : ouvrage accompagné de deux plans

CONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES 281

Lavergne, les ventes nationales auraient été faites seulement à l'avantage de la propriété moyenne, et non de la petite; et dans ce fait qu'aux propriétaires ecclésiastiques on avait substitué un nombre égal de bourgeois, possédant sous une autre forme, il faudrait voir, pensait-il, un changement assurément considérable, mais qui, au point de vue de la propriété, n'avait pas la portée qu’on avait voulu lui donner t,

Avec des arguments d’une nature différente, M. d’Avenel soutint la même thèse. Lorsqu’en 1789, dit-il, on expropria les biens du Clergé on songea à couvrir la dette publique, et non à aider les malheureux, et dans tous les discours que l’on prononça à cette occasion, il n’y eut pas un mot pour ces derniers ; on vendit ensuite avec fureur, jusqu’en janvier 1791, jusqu'en mars, jusqu’en juillet, toujours. Communes, compagnies françaises et autres, bourgeois et paysans aisés se disputèrent les morceaux; mais ce ne furent quelesclassesriches qui profitèrent des ventes. Puis, quand plus tard il étudie lerésultat des opérations, il déclare nettement que les terres des émigrés ne se vendirent pas par lots, et qu’elles tombèrent entre les mains des spéculateurs 2.

1. Economie rurale de la France depuis 1789, p. 24. 2. J. Loutchitski, a Petite propriété en France avant la Révolution, pp. 136, 142.