La vente des biens nationaux pendant la Révolution française : étude législative, économique et sociale : ouvrage accompagné de deux plans

290 GONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES ÆET SOGTALES

Tous ces chiffres font ressortir d’une façon très nette le morcellement, dont les effets apparaîtront plus grands encore, lorsque l’on saura que, sur beaucoup de communes, les surfaces totales vendues en détail représentaient une portion notable de leur territoire. Ainsi, étant donnée pour chaque vente une moyenne de 2 ou même 3 journaux, ces surfaces représentaient environ le tiers du territoire de Chassey et de Ruffey-les-Echirey, la moitié de celui de Couternon, les trois quarts de ceux de Jancigny, Pluvault, etc. Aussi est-il difficile, en présence de pareils documents, de nier que le morcellement, commencé antérieurement peut-être avec mollesse, ait été poursuivi ensuite dans des proportions d’incroyable intensité. Du reste, un travail récapitulatif attribue aux seuls districts de Dijon, Châtillon, Saint-J ean-de-Losne et Semur un total de 15.773 opérations pour leurs 430 ‘communes 1.

Tocqueville disait, d’un autre côté, qu’en consultant les procès-verbaux de ventes ‘on acquérait la certitude que la plupart des terres avaient été achetées par des gens qui en possédaient déjà d’autres. Ici encore, nous sommes en contradiction avec lui, et nous basons notre opinion sur les renseignements venant des procès-verbaux eux-mêmes.

1. Loutchitski, De la petite propriété. Revue historique 1895, t. LI, p. 82.