Lazare Carnot d'après un témoin de sa vie et des documents nouveaux

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aussi donner lieu à des pertes considérables : il montre qu'on doit, à tout prix, éviter les changements brusques de vitesse. Carnot fait plus. Il trouve l’expression mathématique de la perte de force vive que de pareils changements occasionnent ; il montre qu’elle est égale à la puissance dont tous les corps du système seraient animés, si on douait chacun de ces corps de la vitesse finie qu'ila perdue à l'instant même où le changement brusque s'est réalisé.

Tel est l'énoncé du principe qui, sous le nom de « théorème de Carnot » joue un si grand rôle dans le calcul de l'effet des machines.

Ce beau, ce précieux théorème est aujourd'hui connu de tous les ingénieurs; il les guide dans la pratique; il les garantit des fautes grossières que commettaient leurs devanciers. Par sa découverte, Carnot s'est placé, d'après Arago, auprès des savants hollandais Stévin et Huyghens; de Galilée et Torricelli en Italie; de Newton et Mac Laurin en Angleterre; de Bernoulli et Euler en Suisse; de Pascal, Varignon, d'Alembert, Lagrange et Laplace en France. Ce théorème d'analyse et de mécanique a aussi joué un grand rôle dans les événements nombreux de la Révolution dont les déterminations scientifiques de Carnot ont guidé les efforts militaires.

Le sujet de ce premier et important travail a été repris et développé par Carnot dans le livre qu'il a publié en 1803 sous le titre de: Principes fondamentaux de l'Équilibre et du Mouvement. Dans ce traité, il a consacré quelques pages à la question du mouvement perpétuel pour en démontrer l’absurdité. Carnot aimait à rappeler ce passage de Fontenelle dans l’éloge d'Amontons, le physicien français, mort en 1705, qui eut le

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