Le Comité de salut public de la Convention nationale

LE COMITÉ ET LA GUERRE 257

En Vendée, Philippeaux, toujours au premier rang, déploya une grande bravoure, de même que l'impétueux Bourbotte; à Châtillon, ce dernier eut un cheval tout lui; il fut renversé et allait périr, lorsqu'un jeune officier le sauva en lui donnant son cheval : cet officier s'appelait Marceau.

Aux frontières, Baudot et Lacoste, Merlin de Thionville, Levasseur, Delbrel, Cavaignac, Robespierre jeune, Saint-Just et Le Bas, Carnot lui-même montrèrent le plus grand courage et ne dédaignèrent pas de faire le coup de feu. Il arriva à Saint-Just de recevoir les parlementaires ennemis dans la tranchée. Un jour, il apostrophe ainsi l'un d’eux : « Est-ce que Monsieur est chargéde traiter pour toutes les puissances de l’Europe ? Soldats, continuez le feu ! » Il conservait sous les balles limpassibilité qu’il avait à la Convention.— « A l'heure qu'il est, disait quarante ans plus tard son ancien collègue Baudot, son souvenir me fait encore frissonner ! »

Investis d’une grande autoritémorale appuyée sur un pouvoir effectif effrayant, ils parvinrent à obtenir peu à peu l'ordre, l’obéissance, la discipline. « A Poitiers, dit Thibaudeau dans ses Mémoires, je fus obligé de me présenter souvent devant des bataillons de passage, qui, réunis en armes, refusaient de partir et menaçaient de piller les caisses. Je les pérorais, et ils finissaient par obéir. À Niort, j'arrêtai moi-même, dans les rangs de plusieurs bataillons rassemblés, un officier qui soufflait la révolte, je le fis condaire en prison par ses propres soldats, et au commandement de : £'n avant, marche ! que je prononçai au nom de la Convention, la colonne continua sa marche sans lemoindre murmure. L’autorité prenait dans ma bouche un ton de confiance tel que chaque individu se sentait comme isolé et croyait être