Le Comité de salut public de la Convention nationale

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seul aux prises avec toute la représentation nationale.» Un autre service non moins grand que rendirent les représentants en mission, ce fut de donner aux armées de la République les moyens matériels de subsister. Après avoir activé les levées, incorporé les hommes, procédé à l’embrigadement, ils protégeaient l’arrivée des munitions et des vivres, qui, dans le désordre général, eussent été pillés vingt fois en route, et les dirigeaient aux points désignés; usant de leur droit de réquisition, ils procuraient aux troupes les chevaux, les voitures, les grains dont ellesavaient besoin. Et ce sont ces tra- vaux sans éclat, accomplis sans bruit, indispensables néanmoins, que l’on oublie pour ne se souvenir que de quelquesexeès de pouvoir; parfois, en effet, des avocats, des juges, des médecins, investis d'une autorité sans limite, voulurent se substituer aux généraux, leur imposer leurs plans, et donner eux-mêmes le signal de l'action. Le brave général Dagobert osa s’en plaindre à la Convention. — Jesuis attaqué, dit-il, pour n’avoir pas approuvé le plan de l'expédition de Rosas; « mais les plans des représentants sont-ils donc comme l’arche du Seigneur, qu'on ne puisse les toucher du doigt sans être frappé de mort ? » Ces plaintes étaient légitimes ; aussi, en novembre 1793, la Convention, sur la proposition de Collot d’'Herbois, membre du Comité, apporta de sérieuses restrictions à leurs pouvoirs : les représentants devaient rester avant tout des administrateurs et des surveillants.

XIV

La présence des représentants au milicu des armées,