Le Comité de salut public de la Convention nationale

LE COMITÉ ET LA GUERRE 263

L'autorité qw’il acquit au Comité ne manqua pas de porter ombrage à Robespierre. « Si je pouvais seulement, s'écriait un jour celui-ci, arriver à comprendre quelque chose à ces maudites affaires militaires, afin d’être en état de me passer de cet homme insupportable! » Carnot, de son côté, devinait les ambitieux desseins que poursuivait son collègue : « Tu es un dictateur, lui cria-t-il un jour devant tout le Comité rassemblé, au milieu du silence plein d’anxiété des autres membres ; tu es un dictateur, et tous tes actes respirent l’arbitraire (4)! » — « Nous avons besoin de loi, lui répondait Robespierre, c'est pourquoi nous tolérons ta présence au Comité; mais, songes-y bien, ta tête tombera au premier revers de nos armées! » Robespierre n'osa ou ne put mettre sa menace à exécution, et Carnot fut en quelque sorte, pendant près de deux ans, le chef d'état-major général des armées de.la République.

XVI

Le résultat de tous ces efforts, on le connaît. Le 8 septembre, Houchard, par la victoire d'Hondschoote, obligeait les Anglais à lever le siège de Dunkerque. Le village fut plusieurs fois pris et repris par nos troupiers. Les représentants Levasseur et Delbrel excitaient l'enthousiasme des soldats. « En avant ! En avant!» criait Levasseur. Un boulet casse les reins à son cheval. — « Va donc en avant, murmuraient ironiquement quelques soldats, il y fait bon! » Mais le représentant, sans s'émouvoir, monte sur un cheval qu’on lui amène

(1) Levasseur, Discours prononcé à la Convention le 6 germinal-an IIL.