Le Comité de salut public de la Convention nationale

LE COMITÉ ET LA MARINE 273

au bout de huit jours, son successeur, M. de Souillac, s’empressa de demander un congé. Une éclaircie parut se produire lorsque le célèbre Bougainville fut appelé à la tête de l’escadre. Mais il n’en dut pas moins faire des exemples, et son autorité eût fini par s’user, si l’escadre n’eût été licenciée en janvier 1791. Lorsqu'on la réorganisa l’année suivante, Bougainville, instruit par l'expérience, refusa d’être mis à la tête. Il reprochait amèrement à ses subordonnés « des murmures, des refus de service, des injures dites aux supérieurs, même par des matelots à haute paye, même par des ofliciers mariniers ». L'amiral Morard de Galle, qui accepta le commandement de l’escadre, se plaignaït aussi, dans une lettre écrite au ministre de la marine « que l’esprit des matelots se füt entièrement perdu (1) ».La valeur de ce personnel ne paraissait guère devoir augmenter, car le commerce maritime, étant nul, ne pouvait fournir des hommes à la marine de guerre.

Ill

Ïl ne nous était pas possible d'espérer prendre l’avantage sur le nombre des vaisseaux à mettre en ligne En février-mars 1793, l'Angleterre, la Hollande, l'Espagne, le Portugal, l'Empire et les Deux-Siciles étaient entrés dans la coalition formée contre nous ; nous avions donc à lutter contre les premières flottes du monde. À ce moment, nous ne possédions que 66 navires de guerre : l'Angleterre, à elle seule, en comptait 158, c’est-à-dire plus du double! Des ordres furent donnés pour pousser activement les lravaux des arsenaux et les armements.

(1) 22 mars 1793.