Le Comité de salut public de la Convention nationale

292 LE COMITÉ DE SALUT PUBLIC

se borner à des pactes nationaux pour un but légitime et avouable ; et alors, pourquoi rechercher le secret, le mystère, au lieu de laisser l’Assemblée constituante, forte de la pureté de ses intentions, agir elle-même en toute loyauté, publiquement et au grand jour ?

Aussi,le 22 mai 1790, voulantattester solennellement sa nouvelle ligne de conduite, l’Assemblée, après des discours de Robespierre, Pétion, Volney, Barnave, et sans tenir compte des objections de Mirabeau, vote solennellement que :

« La nation françaiserenonce à entreprendre aucune guerre dans la vue de faire des conquêtes, et n’emploiera jamais ses forces contre la liberté d’un peuple. »

Cetarticle fut inséré, plus tard, dans la constitution de 1791.

Il

Les Constituantss’aperçurent bientôt que, dans l’ivresse des principes et de la raison pure, ils avaient oublié que la France ne pouvait pas rompre ainsi avec ses traditions ni méconnaître ses intérêts; qu'il existait sur son sol des enclaves à annexer, sur ses frontières des entailles à combler; que, ne vivant pas seule dans un continent, elle devrait prévoir des difficultés avec ses voisins, être prête à frapper pour ne pas être frappée(l), en un mot à faire la gucrre, c’est-à-dire à acquérir des territoires, et à donner ainsi un démenti à ses principes. L'occasion ne tarda pas à s’en présenter. Avignon

(1) « Nous portons la guerre dans les Etats de la maison d'Autriche, disait Dumouriez en 1792, pour éviter notre ruine en opérant la sienne. »