Le Comité de salut public de la Convention nationale

LE COMITÉ FT LA DIPLOMATIE 293

demandait sa réunion à la France; le premier mouvement de l’Assemblée fut d'accepter. Mais à la réflexion, on se dit qu’il était difficile de concilier cette annexion avec la renonciation aux conquêtes. Dans le cas où certaines nations voudraient nous empêcher de faire cette acquisition ou d’autres semblables sur nos frontières, quel parti devrait-on prendre! Se résignerait-on à leur faire la guerre ousubirait-on leurs volontés ! Telles étaient les questions embarrassantesque faisait naître la malencontreuse déclaration del’Assemblée. Mirabeau demanda, en homme pratique, que l’on n’entrât pas dans ces discussions : le Roi a le devoir de protéger les Français d'Avignon, d'y assurer la paix publique, et pour cela d'y envoyer des troupes; quant au « reste de la question », il conseille de le « laisser indéfiniment ajourné (1) ». La solution était simple. L'Assemblée s’vrallia ; mais cette solution n’en constituait pas moins une déviation des grands principes sur lesquels était basée la diplomatie rêvée par la Constituante.

III

D'autres déviations plus graves allaient se produire à mesure que la Révolution devenait plus ardente.. Le goût des aventures, l’humeur guerrière, l’amour de la gloire, la passion de propager les idées généreuses et de défendre les grandes causes, tout ce qui avait caractérisé jusque-là les Français, ne pouvait rester longtemps comprimé. Le tempérament national reprenait le dessus, encore exalté par la fièvre révolutionnaire.

(1) 20 novembre 1790.