Le Comité de salut public de la Convention nationale

LE COMITÉ ET LA DIPLOMATIE 295

dans l’obscurité. Si la clarté du jour vient à paraître, ils jettent leurs armes, s'embrassent, et châtient celui qui les trompait. De même, si, au moment où les armées ennemies lutteront contre les nôtres, le jour de la philosophie vient àluire, les peuples s’embrasseront à la face des tyrans détrônés, de la terre consolée et du ciel satisfait! »

Le fougueux orateur était en ce moment l'interprète des sentiments de la Gironde. Après le 10 août, les mêmes idées guidèrent Danton ; en même temps que lessoldats français seraient les missionnaires de l'évangile nouveau, notre payS pourrait compléter ses frontières naturelles et repousser la coalition. Les succès de septembre et d'octobre 1792 justifièrent ces espérances.

La Convention entra dans ces vues, en décrétant, le 19 novembre, que la France accorderait secours et fraternité à tous les peuples qui voudraient recouvrer leur liberté ; et, le 15 décembre, que partout où entreraient nos armées, des commissaires français aideraient les habitants à organiser un gouvernement libre, et s’occuperaient en même temps d'assurer la subsistance de nos troupes.

Tels étaient les principes qui prévalaient à la fin de 1792. Ils ne ressemblaient guère à ceux de 1789. En présence de l'hostilité des rois, la diplomatie avait dû revenir aux procédés de duplicité et de corruption que l’on avait flétris et voulu détruire; ainsi, Dumouriez avertit le président du Comité diplomatique, Kock, qu’il demande à l'Assemblée de lui accorder six millions pour «des besoins bien calculés ». La renonciation aux conquêtes ne s'entendait plus qu'avec ce correctif, que Ja France devait acquérir ses limites naturelles ; enfin, la diffusion pacifique des Droits de l’homme avait fait