Le Comité de salut public de la Convention nationale
LE COMITÉ ET LA DIPLOMATIE 907
blicain, n’était-il pas à craindre de voir l’anarchie intérieure rendre inévitable, — ce qui arriva plus tard, — l'avènement d’un pouvoir fort, confisquant la liberté pour assurer l’ordre ?
Danton, qui avait partagé un moment l’enthousiasme des Girondins pour une guerre de propagande, comprit qu’il était dangereux de persévérer dans cette voie. Il ne s’agit plus, dit-il, de bouleverser les peuples au nom de la révolution. Ceux qui jugeront la liberté préférable à la servitude n'auront qu’à la conquérir ; la Francene doit pas compromettre sa sécurité pour les y aider. Le temps des équipées chevaleresques, mais témérares, est passé. Nous ne devons donc pas nous obstiner dans la guerre générale. Le meilleur moyen pour obtenir un traité honorable, — car personne ne voudrait d’une paix humiliante, — c’est de continuer la guerre commencée, mais en la concentrant contre certains États. Toutes les nations ne nous sont pas également hostiles : plusieurs sont intéressées à notre existence ; où doit viser à les séparer de la coalition, et, au besoin, à obtenir leur alliance. Pour cela, il faut se résoudre à traiter avec leurs rois. Cescrupule n’arrête pas Danton; il estime qu'il serait « absurde de rejeter une alliance utile avec un État par le seul motif que le chef de cet état porte une couronne (1) ». Cette politique, qui était celle de Daumouriez en 1792,lorsqu'il essayait deséparer l'Allemagne de l'Autriche, Danton la fit facilement adopter au premier Comité de salut public; lui disparu, elle fut délaissée pendant quelque temps, mais on dut y revenir, car c'était la politique du bon sens, des traditions et de l’intérèt national ; c’est celle qui triompha en 1795.
(1) De Sybel, l’Europe.el la Révolution française.
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