Le Comité de salut public de la Convention nationale

LE COMITÉ ET LA DIPLOMATIE 303

VIL

Le ministère subsistait toujours ; le Comité de salut publie y avait laissé Le Brun. La Commune de Paris, qui, à plusieurs reprises, avait intercepté la correspondance du ministre et la lui avait renvoyée décachetée, alla plus loin ; elle lança contre lui et contre Clavière un mandat d'arrêt. Le Comité protesta en vain. Le 2 juin, la Convention, sous la pression de l'insurrection parisienne, décréta d’arrestation Clavière et Le Brun. Le 4, Le Brun lui écrivit pour lui demander s'il était suspendu de ses fonctions, car l’Assemblée l'avait décrété d'accusation mais non destitué. Le Comité lui répondit de continuer à expédier les affaires courantes, l'autorisant même à prendredes décisions dans les cas urgents. On vit alors ce spectacle incroyable de deux ministres consignés et gardés à vue à leur domicile, amenés au Comité entre deux gendarmes, et expédiant les affaires de l'Etat pendant que les sbires les attendaient à la porte pour les ramener chez eux! Cela dura ainsi jusqu’au 21 juin, où,sur la proposition du Comité,la Convention remplaça Le Brun par Deforgues (1).

Deforgues, ancien clerc de Danton, avait été secrétaire général du Comité de salut public, puis adjoint au ministre de la guerre Bouchotte. Bien qu'il füt actif et éclairé, il n'eut guère d’action sur les affaires extérieures, d'abord, parce que les relations diplomatiques devinrent insignifiantes à partir de juin 1793, ensuite parce

(1) Il n'avait pas été possible, en présence des menaces de la Commune, de garder Le Brun plus longtemps. Il fut envoyé en prison, et de là à l’échafaud.